Les fongicides agricoles sont destinés à protéger les cultures des maladies végétales dues à la prolifération de champignons parasites. Ils sont largement utilisés en France (plus de la moitié du tonnage de produits phytosanitaires consommés chaque année) car le climat tempéré du pays induit une forte pression fungique sur les cultures. La population professionnellement exposée dépasse le million de personnes. Les fongicides peuvent être spécifiques d'une espèce ou polyvalents, préventifs ou curatifs, de contact ou systémiques. Ils agissent sur une ou plusieurs des fonctions vitales du champignon ; les fongicides multisites sont moins pourvoyeurs de résistances. Les fongicides minéraux se limitent au soufre et aux sels de cuivre, autorisés en agriculture biologique. Les composés organiques de synthèse sont bien plus nombreux : près d'une centaine d'entre eux ont à ce jour une autorisation de mise sur le marché pour l'usage agricole. Les fongicides appartiennent à des familles chimiques très diverses, dont la toxicocinétique, les organes cibles et les mécanismes d'action toxique sont extrêmement variés. Globalement, leur toxicité pour l'homme est faible, sans commune mesure avec celle des insecticides ou des fumigants. Les effets indésirables relevés chez les applicateurs sont locaux : irritation de la peau et des muqueuses, eczéma de contact par sensibilisation, rarement asthme. Pour la plupart des fongicides, aucun effet systémique aigu et/ou chronique n'est décrit en milieu professionnel ; les dithiocarbamates qui génèrent de l'éthylène thiourée lors de leur métabolisme font exception. Expérimentalement, certains composés ont manifesté, en règle à fortes doses, des effets cancérogènes, reprotoxiques ou de type perturbateur endocrinien. Les études épidémiologiques disponibles ne mettent pas en évidence de tels effets en milieu agricole. Le consommateur est lui aussi exposé aux fongicides par le biais des résidus alimentaires : lorsque les teneurs limites en résidus fixées réglementairement (par substance active et par type de culture) sont respectées, il n'y a aucune indication que cette exposition ait un retentissement sanitaire.