L’obésité est actuellement, dans les pays occidentaux, un enjeu majeur de santé publique. Partie d’un système complexe, elle ne peut être étudiée isolément. Pourtant elle n’est souvent envisagée que comme le résultat d’une ingestion alimentaire qualitativement et/ou quantitativement déviante et relativement peu questionnée en tant que symptôme au sens psychanalytique du terme. C’est-à-dire comme faisant partie d’un ensemble qui a du sens.

Le propos de cet article est de mettre en lumière l’importance de la honte dans le psychisme du sujet obèse en tant que sauvegarde subjective. L’auteur interroge le vécu de honte chez le sujet obèse comme pierre angulaire de ce symptôme au sens psychanalytique du terme.

À partir d’un cas clinique, l’auteur relève l’occurrence de la honte dans le discours de la patiente. Ce faisant l’analyse s’opère à partir de la relation transféro-contre-transférentielle. Pour mener à bien l’étude, l’auteur s’appuie sur un dispositif favorisant la catharsis.

L’auteur aborde successivement : la plainte du sujet obèse et son affect de honte, la honte comme étant l’alpha et l’oméga de la crise boulimique et enfin le corps comme œuvre d’art par la construction d’une monstruosité. L’auteur conclut sur la dimension sociale de la honte et sur la façon dont celle-ci trouve à s’inscrire dans le symptôme de la transformation de corps du sujet obèse.

Il apparaît que la honte pathologique révèle une difficulté pour maintenir un sentiment d’existence. Pour cette raison, il nous semble important de tenir compte cet affect et de mettre en place un cadre permettant l’émergence de celui-ci au sein des consultations des patients souffrant de troubles alimentaires. Dans ces conditions, le sujet a la possibilité, sur le socle de la honte, de dire sa honte d’être et d’y appuyer une subjectivité.

In Western countries obesity is currently a major public health issue. Part of a complex system, it should not be studied alone. Yet it is often seen only as the result of qualitatively and/or quantitatively deviant dietary-intake and is seldom questioned as a symptom in the psychoanalytic sense, i.e. as a part of a package that makes sense.

The purpose of this article is to highlight the importance of shame in the psyche of obese subjects as “subjective backup”. The author questions the experience of shame in obese subjects as the cornerstone of this symptom in the psychoanalytic sense.

While reporting a clinical case, the author notes the occurrences of shame in the discourse of the patient. The subsequent analysis is presented based on the transferential and counter-transferential relationship. To carry out this study, the author drew on a device supporting catharsis.

The author addresses successively: the complaint of obese subjects and the effect of shame, their shame as the alpha and omega of bulimic crises and lastly their body as a work of art by building a monstrosity. The author concludes with the social dimension of shame and how it is part of the symptom of body transformation in obese subjects.

It appears that pathological shame reveals a difficulty to maintain a sense of existence. For this reason, it seems important to consider this effect and to establish a framework for the emergence of the latter in the consultations of patients with eating disorders. Under these conditions, the patient is able, on the pedestal of shame, to voice his shame of being and to support a subjectivity.