L’arthrose du genou est une pathologie particulièrement invalidante qui a un retentissement sur les activités quotidiennes des patients. L’échelle Osteoarthritis of Knee and Hip Quality Of Life (OAKHQOL) est un instrument validé pour évaluer ce retentissement sur la qualité de vie (QdV) (1). Une version électronique du questionnaire a vu le jour, offrant de nombreux avantages en termes de temps (élimination de l’étape de saisie) et possiblement de qualité des données recueillies (notification si items manquants). Néanmoins, toute modification dans le format d’un instrument doit faire l’objet d’une nouvelle étude de ses propriétés métriques. L’objectif de cette étude était d’évaluer les propriétés métriques de la forme électronique de l’OAKHQOL.

Une étude observationnelle descriptive transversale, multicentrique, nationale a été réalisée. L’échantillon était composé de patients gonarthrosiques, suivis par des médecins généralistes libéraux, en France métropolitaine.

Le questionnaire, sur support tablette, comprend 43 items, dont 3 sont indépendants, abordant les 5 dimensions suivantes : activités physiques, douleur, santé mentale, activités sociales et soutien social. Chaque item a 11 modalités de réponse entre 0 et 10 et le score normalisé final obtenu est compris entre 0 (pire QdV) et 100 (meilleure QdV).

Dans un premier temps, ces données ont été analysées selon la théorie classique des tests (analyse factorielle confirmatoire, cohérence interne et validité de construit) à l’aide du logiciel SAS 9.3. Dans un second temps, une analyse de Rasch pour items polytomiques (modèle de crédit partiel) a été menée pour chaque dimension à l’aide du logiciel RUMM 2030. L’adéquation au modèle des items et des personnes, l’indépendance locale des items et la présence de fonctionnement différentiel des items (DIF) selon plusieurs facteurs (sexe, âge, niveau d’études, obésité et lombalgie) ont été testées. La cohérence interne a été évaluée via le calcul de l’indice de séparation des personnes (PSI).

L’échantillon analysé comptait 471 individus dont 51,2 % d’hommes, la moyenne d’âge s’élevait à 66,4ans (±9,3ans) et la valeur moyenne de l’EVA douleur se situait autour de 5,7 (sur une échelle de 0 à 10). Aucun item n’avait un pourcentage de réponses manquantes supérieur à 1 %.

Les résultats des analyses selon la théorie classique étaient similaires à ceux retrouvés dans l’étude de validité de la version papier déjà publiée (1) (pas de respect parfait de la dimensionnalité de l’instrument original, α Cronbach compris entre 0,80 et 0,96). L’analyse de Rasch a montré un bon ajustement des items et des personnes au modèle. Un sous-ajustement (items peu discriminants) a été observé pour 2 items de la dimension activités physiques et 2 items de la dimension santé mentale. L’étendue des niveaux de difficulté des items couvrait toute l’étendue de la qualité de vie des patients de l’échantillon.

Aucune dépendance locale entre les items n’a été retrouvée, ni aucun DIF significatif sauf pour les variables âge dans les items 2 et 3 (« peur de dépendre des autres » et « peur d’être handicapé[e] ») et sexe dans l’item 3 de la dimension santé mentale (DIF uniforme). Les valeurs du PSI étaient satisfaisantes, comprises entre 0,76 et 0,96.

L’analyse de Rasch a démontré la validité des cinq dimensions explorées de la version électronique du questionnaire. Cette validation est nécessaire pour sa généralisation sur support tablette qui offrira la disponibilité immédiate du score de qualité de vie du patient en pratique clinique.