Le cancer colorectal constitue un problème de santé publique. Il occupe la troisième place de part son incidence et sa mortalité dans le monde. Au Maroc, il occupe la troisième place chez l’homme et la quatrième place chez la femme selon le dernier registre des cancers de la région du grand Casablanca. Sa gravité est liée essentiellement au retard diagnostic. Sur le plan pronostic, la survie est liée au stade. Après traitement locorégional, un malade sur deux va développer des métastases. Quatre-vingt à 90 % de ces patients vont mourir de leurs métastases. Plusieurs travaux de la littérature ont souligné la relation entre la qualité de l’alimentation et la genèse du cancer colorectal. Le but de cette étude est la détermination, dans notre contexte marocain, des facteurs de risque du cancer colorectal, notamment le lien de cause à effet entre cancer colorectal et le type d’alimentation. Le but ultime de ce travail est de pouvoir élaborer des recommandations en matière de prévention des risques en lien avec la nutrition afin de mettre en œuvre une politique de prévention primaire.

Notre étude cas-témoins menée au centre Mohamed VI pour le traitement des cancers a porté sur 106 patients admis au centre d’oncologie de Casablanca, pour un cancer colorectal diagnostiqué récemment et confirmé par un examen histologique, comparé à 100 témoins indemnes de toute maladie cancéreuse (patients admis au centre des consultations de dermatologie et d’ophtalmologie de CHU Ibn Rochd, Casablanca). Le recueil des données s’est fait de manière prospective à partir des dossiers de patients et au moyen d’un questionnaire comportant plusieurs informations : données socio-démographiques, antécédents personnels familiaux de cancer, mode de vie, habitudes alimentaires…, élaboré et rempli lors d’une enquête préliminaire. La gestion et l’analyse statistique des données épidémiologiques ont été faites à l’aide du logiciel SPSS version 20.

L’âge moyen des patients était de 56,65ans avec un écart-type de 14,64. Le type histologique le plus fréquent chez nos patients était représenté par l’adénocarcinome lieberkhünien avec une proportion de 77 %. Une nette prédominance des cancers colorectaux est notée chez les hommes avec un sex-ratio de 1,17. L’analyse de l’indice de masse corporelle a permis de retrouver une obésité chez 50 % des patients contre 20 % des témoins et un diabète chez 20 % des patients (p<0,019). Par ailleurs, l’étude du régime alimentaire des patients comparée aux témoins semble montrer que la moyenne de la fréquence de consommation hebdomadaire de viandes rouges est plus élevée chez les patients que chez les témoins (4,24 versus 3,26 ; p=0,009). En revanche, les patients sont moins consommateurs de poissons que les témoins (0,97 versus 1,76 ; p=0,000). En outre, la moyenne de consommation des légumes et des fruits est significativement plus faible chez les patients que chez les témoins (5,00 versus 9,50 ; p=0,000). Cependant, les patients consommaient moins de café que les témoins (1,23 versus 3,66 ; p=0,000) et inversement pour la consommation du thé (11,87 versus 13,77 ; p=0,105). Concernant les habitudes toxiques de nos patients, 32 % des patients étaient fumeurs.

Nos résultats montrent déjà que la prise de conscience à propos du régime alimentaire et des changements dans nos habitudes de vie pourrait réduire l’incidence du cancer colorectal et par conséquent la mortalité et la morbidité qui y sont rattachées dans notre contexte. Il est important de promouvoir une alimentation équilibrée, riche en légumes, en fruits et en fibres alimentaires sans excès de viandes rouges et charcuteries et d’éviter la consommation du tabac.