Estimation de l’incidence des leucémies et des tumeurs cérébrales dans la cohorte « Enfant-scanner » en présence de risques concurrents et d’une exposition dépendante du temps - 09/05/16
Résumé |
Introduction |
Parmi les examens utilisant les rayonnements ionisants à des fins diagnostics, la scanographie est de plus en plus utilisée, y compris chez les enfants. Ces derniers ayant une radiosensibilité plus importante que les adultes, et une espérance de vie plus longue, ils ont plus de risque de développer un cancer à long terme. Plusieurs études épidémiologiques récentes ont montré une augmentation des risques de leucémie et de tumeurs du système nerveux central (SNC) après une exposition aux examens scanners dans l’enfance et à l’âge adulte. Dans ces études, les risques de cancer ont été estimés sans tenir compte des événements concurrents, à savoir la survenue d’autres types de cancer et la survenue de décès non cancer.
Méthodes |
L’analyse statistique est basée sur les données de la cohorte française « Enfant-Scanner » qui regroupe les enfants qui ont bénéficié d’au moins un examen scanner dans l’un des 23 services de radiologie français entre 2000 et 2010. Les enfants ont été suivis via les registres de cancers pédiatriques et via le RNIPP (Registre national d’identification des personnes physiques) depuis la date de leur premier scanner jusqu’à la date de point de l’étude (31/12/2011), la date de leur décès, la date de premier diagnostic de leur cancer ou la date de leur 15e anniversaire. Seuls les enfants sans facteurs de prédisposition au cancer ont été inclus. La méthode de Landmark a été utilisée pour estimer les incidences de leucémie et de tumeurs du système nerveux central (SNC) associées aux doses de rayonnements ionisants délivrées aux organes, en tenant compte des risques de décès concurrents.
Résultats |
Un total de 57 187 enfants a été inclus dans l’analyse. Les cancers incidents les plus fréquents étaient les tumeurs du SNC (15 cas) et les leucémies (12 cas). L’incidence cumulée de la leucémie et des tumeurs du SNC était respectivement de 0,04 % et de 0,06 %, alors que la mortalité non cancer cumulée était de 0,78 %. Le risque cause-spécifique de leucémie diminuait en fonction de la dose dans les toutes premières années de suivi après l’exposition au scanner puis augmentait de nouveau à partir de six ans de suivi. Le risque cause-spécifique de tumeur du SNC était quant à lui significativement augmenté avec la dose reçue pendant les quatre premières années de suivi après l’exposition puis diminuait jusqu’à la fin du suivi. Enfin le risque cause-spécifique de décès est significativement associé à l’exposition au scanner sur toute la période d’étude.
Conclusion |
La méthode de Landmark permet de prendre en compte les risques concurrents en fonction de variables dépendantes du temps. Nos résultats montrent que l’association entre l’exposition aux examens scanners et la survenue de leucémie et de tumeurs du SNC évolue au cours du temps. L’augmentation significative du risque cause spécifique de leucémie, observée six ans après l’exposition au scanner, est compatible avec le délai de latence d’une leucémie radio-induite. L’absence d’augmentation de risque cause-spécifique de tumeurs du SNC après plusieurs années de suivi pourrait être liée à un suivi moyen de la cohorte trop court par rapport au délai de latence attendu et/ou à un trop faible nombre des cas de tumeurs du SNC. La prolongation du suivi de notre cohorte ainsi que son inclusion dans la cohorte européenne EPI-CT (The « Epidemiological Study to Quantify Risk for Paediatric Computerized Tomography and to Optimize Dose ») permettra de consolider les résultats observés.
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Vol 64 - N° S3
P. S161 - mai 2016 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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