Intoxication à la chloroquine faisant suite à la consommation d’une mousse au chocolat - 12/05/16
Résumé |
Objectif |
Décrire un cas d’intoxication lié à la consommation d’une mousse au chocolat dans un contexte de rupture conjugale.
Description |
Quelques heures après avoir consommé une mousse au chocolat, Monsieur H., 16ans, a beaucoup vomi et a présenté de violentes douleurs épigastriques. Devant les révélations étonnantes de sa mère qui dit l’avoir empoisonné, et appel au SAMU, il est admis au CHU. À l’admission, son état est jugé stable et rassurant. Sa mère, elle-même probablement intoxiquée, est prise en charge en réanimation puis rapidement intubée. Elle présente des troubles de la conduction (QRS élargi, allongement du QT) et une hypotension nécessitant un support hémodynamique. L’évolution clinique est favorable à j4. La présence de chloroquine dans la mousse au chocolat est évoquée. Une partie du dessert consommé nous a été transmise dans un cadre judiciaire afin d’en déterminer la concentration en chloroquine.
Méthodes |
Un bilan biologique de routine a été prescrit à l’entrée. L’analyse toxicologique a reposé sur les dépistages par immuno-analyse (éthanol, paracétamol, phénobarbital, antidépresseurs tricycliques et benzodiazépines [Vista™, Siemens]), un double screening par CG-SM (Shimadzu™ QP2010) et CL-UV/BD (Waters™, Alliance). Un dosage spécifique de la chloroquine réalisé par CL-SM (TSQ Quantum Access MAX, Thermofisher™) dans les prélèvements de sérum de l’adolescent et de sa mère, avec la strychnine comme étalon interne (méthode linéaire de 20 à 1000ng/mL, LOD à 5ng/mL) et par CL-BD (Waters™, Alliance) dans l’échantillon de mousse au chocolat avec le prazépam comme étalon interne et développement de protocoles d’extraction s’adaptant à cette matrice.
Résultats |
Le bilan biologique de la mère a montré une hyperlactatémie (6,4mmol/L) et une hypokaliémie (2,7mmol/L). Le criblage toxicologique a identifié le diazépam (66ng/mL). La chloroquinémie a été mesurée 500ng/mL à h10. Le bilan biologique de l’adolescent est normal, le criblage toxicologique est négatif, la chloroquinémie inférieure à 5ng/mL à h6. La concentration de chloroquine mesurée dans les scellés 01 et 02 (échantillons de mousse au chocolat) a été mesurée respectivement à 311μg/g de mousse et 230μg/g de mousse.
Conclusion |
L’absence de chloroquine dans le sang de l’adolescent est en faveur d’une consommation réduite ou d’une épuration ayant pu être causée par les vomissements. La chloroquinémie mesurée chez sa mère 10heures après la prise est comparable aux concentrations sériques thérapeutiques légèrement supra-thérapeutiques. Au vu des concentrations mesurées dans les scellés, la quantité totale de chloroquine qui aurait pu être absorbée par la consommation complète d’un pot (150grammes) correspondrait à la prise de moins de 50mg de chloroquine. Bien que l’absorption soit favorisée par une prise de nourriture, la dose supposée ingérée ne présentait pas a priori un risque vital pour un adulte.
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Vol 28 - N° 2S
P. S10 - juin 2016 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.