Leishmaniose viscérale de l’adulte : à propos de dix cas - 26/05/16
Résumé |
Introduction |
Les leishmanioses viscérales (LV) ou Kala-azar sont mortelles en l’absence de traitement. Elles sont présentes dans les zones tropicales et subtropicales exposant 350 millions de personnes, avec entre 20 000 et 30 000 décès par an. Cette situation alarmante résulte de l’augmentation de la transmission vectorielle, l’augmentation du réservoir humain lié à l’infection à VIH/sida et l’éclosion d’épidémies dans des pays où la co-infection leishmaniose/VIH est rare (Maghreb). Cette affection sévit sur un mode épidémique au Maroc, touchant essentiellement l’enfant (90 %). Nous rapportons 8 cas de LV diagnostiqués chez des adultes immunocompétents.
Patients et méthodes |
Il s’agit d’une étude rétrospective portant sur 10 cas de LV, colligés au service de médecine interne du CHU Ibn Sina de Rabat sur une période de 15ans.
Résultats |
Il s’agit de 8 hommes et 2 femmes, avec un âge variant entre 18 et 61ans. Six patients sont originaires d’une zone d’endémie. Ils se sont tous présentés en été et au début de l’automne. Trois patients d’origine sub-sahariennes avaient séjournés dans les zones endémiques. Le tableau clinique est dominé par le syndrome anémique, l’altération de l’état général et la splénomégalie importante est toujours présente. La fièvre « désarticulée » est rapportée dans 75 % des cas. Sur le plan biologique, l’anémie est constante et une pancytopénie est notée dans 90 %. Un syndrome inflammatoire majeur est noté chez tous les patients avec une hypergammaglobulinémie polyclonale majeure (20–85g/L) présente chez 7 malades. Le diagnostic de LV est posé par la présence de corps de leishmanies au myélogramme. Neuf patients ont une sérologie leishmaniose positive. Un patient d’origine sub-saharienne est séropositif pour le VIH, et le diagnostic d’un lupus systémique a été concomitant au diagnostic de LV chez une patiente. Il n’a pas été retrouvé d’immunodépressive dans les autres cas. Initialement, 9 malades sont traités par les dérivés de l’antimoine. Chez un patient l’amphotéricine B est préférée en raison d’une thrombopénie sévère et de la co-infection VIH. Deux malades ont reçu secondairement l’amphotéricine B après rechute dans un cas et une cytolyse hépatique dans l’autre cas. L’évolution est favorable dans 80 % des cas. Deux décès sont rapporté, le premier par choc septique sur infection pulmonaire nosocomiale et le deuxième par anémie hémolytique auto-immune secondaire au traitement par l’amphotéricine B. Un malade s’est compliqué d’un syndrome d’activation macrophagique et une microangiopathie thrombotique résolus par bolus de solumédrol, plasmapherèse.
Conclusion |
La LV de l’adulte reste relativement rare mais recrudescence ces dernières années. La certitude diagnostique est apportée que par la mise en évidence des leishmanies au niveau du système réticulo-endothélial, aidée par les réactions immunologiques. Le co-infection LV–Sida comporte des localisations inhabituelles : digestive, pulmonaire, cutanée (nodulaires ou ulcérées) traduisant la diffusion polyviscérale du parasite. Le dépistage du VIH doit être effectué chez tous les patients atteints de LV. Les cas autochtones rapportés dans notre série ne présentent pas d’immunodépression, le développement de la maladie serait favorisé par la faiblesse des infrastructures sanitaires dans les régions à prévalence importante au Nord du pays (exode rural, habitats insalubres et précarité) et le réchauffement climatique rapporté dans ces régions.
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Vol 37 - N° S1
P. A191 - juin 2016 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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