Clonalité lymphocytaire B sur biopsie de glande salivaire accessoire : marqueur pronostic d’hémopathie dans le syndrome de Sjögren ? - 26/05/16
Résumé |
Introduction |
La survenue d’une hémopathie lymphoïde complique 5 % des syndromes de Sjögren. D’après Nocturne et al., la stimulation chronique des lymphoytes B par les anticorps anti-SSA et anti-SSB pourrait favoriser l’infiltration B et le développement d’une monoclonalité [1 ]. Outre l’apparition d’une cryoglobulinémie ou d’un pic monoclonal, la recherche d’une monoclonalité B préalable permettrait de détecter les patients à risque. Nous proposons une méthode simple et accessible de recherche de clonalité sur glande salivaire accessoire au moment du prélèvement diagnostique.
Matériels et méthodes |
Étude prospective monocentrique sur 87 biopsies de patients atteints d’un syndrome de Sjögren diagnostiqué selon les critères AECG. Trois glandes étaient fixées en formol, trois glandes étaient envoyées non fixées dans un tube sec à cryoconservation dans la carboglace au laboratoire de biologie moléculaire. L’immunophénotypage lymphocytaire était réalisé par polymerase chain reaction (PCR) en point final par recherche de gènes codant pour les régions framework des chaînes lourdes et des chaînes légères des immunoglobulines. Les faux positifs étaient éliminés par la technique d’homo-/hétéroduplex. Les résultats positifs étaient définis par la présence d’un pic monoclonal en FR1, FR2, FR3 ou KDE restant après la technique d’hétéroduplexe. Un immunophénotypage sanguin était réalisé en parallèle sur automate DIVA BDIS.
Résultats |
Une clonalité lymphocytaire B était mise en évidence sur treize biopsies par PCR en point final. Cinq faux positifs étaient exclus par la technique d’homo-/hétéroduplex. Sur les huit patients (sept femmes un homme) porteurs d’une monoclonalité B sur la biopsie deux avaient une monoclonalité B circulante. Toutefois les pics monoclonaux circulants et tissulaires étaient différents. Un patient était atteint d’une anémie hémolytique auto-immune à biospie ostéomédullaire normale, une patiente avait un score de Matutes à 5 sur l’immunophénotypage sanguin. Six patients avaient des anti-SSA, deux des anti-SSB. Les biopsies des glandes salivaires accessoires étaient positives chez tous les patients (score de Chisholm supérieur à II). A cinq ans de suivi, aucun patient n’a développé d’hémopathie lymphoïde.
Discussion |
Nocturne et al., dans leur mise à jour de la physiopathologie du syndrome de Sjögren, ont émis l’hypothèse que la stimulation chronique des lymphocytes B par les complexes immuns formés avec les anti-SSA et anti-SSB induisait le recrutement de lymphocytes B et l’émergence d’un clone en inhibant la voie NFkB, ce qui favorise la survie des lymphocytes B [1 ]. Johnsen et al. se sont intéressés à l’infiltration lymphocytaire B dans les structures évocatrices de centre germinatif et leur corrélation avec la survenue d’une hémopathie B [2 ]. En effet, Theander et al. ont montré que ces structures « germinative-center like » étaient un marqueur prédictif de survenue d’une hémopathie B [3 ]. Dans leur série ayant porté sur 21 patients, Johnsen et al. n’ont pas trouvé de corrélation significative entre infiltation monoclonale B du tissu glandulaire salvaire chez des patients porteurs d’un syndrome de Sjögren compliquée ou non d’hémopathie. Dans notre série, la mise en évidence d’une clonalité lymphocytaire B tissulaire n’était non plus pas associée à la présence d’une hémopathie.
Conclusion |
La mise en évidence d’une clonalité lymphocytaire B tissulaire de glande salivaire chez des patients porteurs d’un syndrome de Sjögren est une technique simple, fiable et reproductible. À cinq ans de suivi, aucun patient n’a développé d’hémopathie lymphoïde mais il est possible que nous n’ayons pas un recul suffisant pour juger de la valeur prédictive de cette clonalité tissulaire sur la survenue d’une hémopathie ultérieure, comme il en est le cas pour les autres études. Nous poursuivons un suivi plus rapproché des patients porteurs d’une monoclonalité B.
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Vol 37 - N° S1
P. A33-A34 - juin 2016 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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