C9-1 - Les relations santé-travail : un domaine privilégié de confrontation entre épidémiologie et sociologie - 02/03/08
V. HELARDOT
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Cette communication propose de confronter l'approche épidémiologique classique à une approche sociologique dans le domaine des relations entre santé et travail. L'argumentation se développera notamment autour du commentaire des résultats d'une recherche intitulée « Précarisation au travail et santé : l'expérience des salariés et de leur famille », menée en 2000-2001 pour l'Inserm. Cette étude sociologique présente à la fois un versant quantitatif, avec un questionnaire (N = 200), et un versant qualitatif, avec une trentaine d'entretiens. Nous montrerons en particulier comment l'élaboration et l'analyse du questionnaire ont été menées en se démarquant d'une approche épidémiologique visant à mettre au jour des déterminants sociaux ; et comment l'analyse des entretiens permet d'éclairer certains résultats obtenus par des études épidémiologiques sur les relations santé-travail.
En effet, si l'épidémiologie descriptive apporte des résultats qui peuvent servir de point de départ et donner matière à réflexion aux sociologues de la santé, les modes explicatifs des deux disciplines peuvent – selon les courants d'appartenance – être de nature très différente. Aux raisonnements causalistes ou probabilistes propres à l'approche statistique (constitutive de l'épidémiologie), la sociologie (et particulièrement les approches compréhensives ou constructivistes) oppose une démarche qui privilégie la prise en compte, à l'échelle individuelle, des perceptions et des représentations des acteurs sociaux, et permet une explication par le sens et non plus par la cause au sens statistique de « facteur » ou « facteur de risque ». Plus que des différences de méthodes (l'opposition entre « qualitatif » et « quantitatif » n'étant finalement pas la plus pertinente), c'est bien dans les choix épistémologiques et dans les définitions de leurs objets que les deux disciplines sont en partie divergentes.
Les relations entre santé et travail nous semblent être un des lieux privilégiés pour montrer toute la distance, la complémentarité – et, parfois, la contradiction – entre épidémiologie et sociologie, non seulement parce que les relations de détermination (causes à effets…) y sont particulièrement complexes et imbriquées, prenant souvent la forme d'interactions multiples que les approches épidémiologiques ne peuvent saisir que partiellement ; mais aussi, et surtout, parce que les choix et décisions des acteurs sociaux sont nourris de savoirs profanes (connaissances, croyances, schèmes de perception…) que la sociologie permet de saisir et de comprendre.
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Vol 50 - N° SUP 4
P. -1--1 - octobre 2002 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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