Les cancers du sein inflammatoires représentent une entité agressive de cancer du sein, classée T4d, relativement fréquente en Tunisie et en Afrique du Nord (5 à 7 %) et plus rare en Europe et aux États-Unis (1 à 2 %). Le diagnostic clinique est basé sur la présence de signes inflammatoires cutanés : douleur, œdème, peau d'orange et/ou érythème. Le diagnostic positif est histologique et effectué après biopsie de l'atteinte cutanée et/ou de la tumeur mammaire sous-jacente. L'histologie, l'immunohistochimie et la génomique retrouvent une fréquence plus élevée de cancers triples négatifs ou surexprimant HER2. Le bilan d'extension locorégional et à distance est basé sur l'examen clinique, l'imagerie conventionnelle par mammographie et échographie mammaire bilatérales, l'imagerie par résonance magnétique mammaire, la tomodensitométrie corps entier et la tomographie par émission de positons au fluorodésoxyglucose. La prise en charge diagnostique et thérapeutique est pluridisciplinaire, basée sur la chimiothérapie néoadjuvante, associée aux thérapies ciblées anti-HER2 en cas de surexpression de l'oncogène HER2, suivie d'une chirurgie radicale carcinologique, puis d'une radiothérapie locorégionale. Le traitement comporte en outre la poursuite des thérapies ciblées anti-HER2 pendant une durée totale d'un an et l'initiation d'un traitement hormonal si les récepteurs hormonaux sont positifs. L'apport de la chimiothérapie néoadjuvante séquentielle par anthracyclines et taxanes, ainsi que les thérapies ciblées anti-HER2, a considérablement amélioré le taux de contrôle locorégional ainsi que la survie globale et sans maladie des cancers du sein inflammatoires, actuellement supérieure à 40 % à cinq ans.