Les auteurs proposent d’examiner la valeur et la fonction qu’occupe l’objet de médiation dans la clinique de l’enfant psychotique.

Nous proposerons notre développement théorique à partir d’une étude de cas d’une enfant prise en charge dans un groupe thérapeutique utilisant des outils de médiation.

Un premier travail théorique nous permet de mettre en tension l’objet de médiation avec l’objet autistique et l’objet transitionnel. Dans la psychose, l’objet utilisé dans une fonction autistique prend une valeur de réel et une fonction d’obturateur de l’expression pulsionnelle refermant le sujet sur lui. Dans la névrose, l’objet transitionnel est un objet symbolique organisateur du rapport à l’Autre. L’objet de médiation n’est ni l’un ni l’autre et doit en être précisément distingué afin de comprendre en quoi son utilisation peut se révéler thérapeutique. Notre travail montre comment le dispositif de médiation permet de passer d’un objet transi, c’est-à-dire possédant une fixité, à un objet de transit, c’est-à-dire impliquant une possible circulation.

Contrairement aux développements les plus courants, nous soutenons dans cet article que l’objet de médiation n’offre pas aux enfants psychotiques la possibilité d’accéder à une transitionnalité mais permet de réinstaurer une circulation pulsionnelle par capture d’une part de jouissance. Cette opération s’effectue par l’action du thérapeute : l’objet de médiation est un intermédiaire, un truchement, permettant aux thérapeutes de se faire les partenaires de l’enfant. Pour cela, ils s’effacent derrière l’objet en se faisant manquant, effectuant ainsi un tour d’escamotage.

Les effets thérapeutiques d’un tel travail peuvent se révéler dans l’apaisement des troubles du comportement de l’enfant jusque-là à l’œuvre.

The authors propose to examine the value and the function of the object of mediation in clinical practice with psychotic children.

Our theoretical development is based on a case study of a child included in a therapeutic group using mediation tools.

A first theoretical approach allows us to set the object of mediation against the autistic object and the transitional object. In psychosis, the object used in an autistic function takes on the value of the real, and a “shutter” function, closing down the drive circuit so that the subject withdraws into himself. In neurosis, the transitional object is a symbolic object organizing the relationship with the Other. The object of mediation is neither of these, and must be clearly distinguished from them in order to understand in what manner it can be therapeutic. Our work shows how the mediation device enables the transition from of a numb object, which possesses fixity, to an object of transit, that is to say implying possible circulation.

In contrast to the most frequent stances, in this article we argue that the object of mediation does not enable psychotic children to reach a transitional state, but allows them to restore a drive circuit by capturing a share of pleasure. This operation is brought about by the therapist: the object of mediation is an intermediary, an expedient, allowing the therapist to enter into a partnership with the child. To do this, the therapist withdraws behind the object, going missing, performing a vanishing trick.

The therapeutic effects of work of this sort may reveal themselves in the alleviation of the child's behavioral disorders.