Peu d’études se sont intéressées aux différences cliniques, épidémiologiques et au retentissement sur la qualité de vie de l’acné entre les sujets de la 2^e et de la 3^e décennie.

Une étude transversale d’un échantillon aléatoire de 1230 sujets : 787 élèves âgés entre 11 et 19ans et 434 sujets âgés entre 20 et 30ans visitant 18 établissements de santé à Constantine, métropole de l’est algérien. Un questionnaire incluant une échelle de la qualité de vie CADI a été administré avant qu’un examen clinque objectif, en utilisant le score de sévérité de l’acné ECLA, ne soit effectué. La saisie des données s’est faite sur Epi Info version 7 et l’analyse statistique s’est effectuée par SPSS 20^e version.

La prévalence globale de l’acné s’élevait à 82,7 % (81 % chez les garçons et 84 % chez les filles, p=0,186). En revanche, les sujets ne se sentaient acnéiques que dans 41,63 %. Il n’y avait pas de différence en termes de prévalence entre les sujets de moins de 20ans et ceux plus de 20ans (p=0,226). Cependant, la sévérité moyenne de l’acné du visage était significativement plus importante dans la tranche de 11–19ans (p<0,0001), par contre celle de l’acné extra faciale était significativement plus élevée chez les 20–30 ans (p=0,01). Les séquelles inflammatoires et non inflammatoires étaient plus fréquentes dans la tranche 20–30ans (p<0,0001). Chez les femmes, les sujets de plus de 20ans ont reçu nettement plus de traitements anti-acnéiques (p<0,0001), par contre la différence n’était pas significative chez les hommes (p=0,2). Le tabac n’apparaît pas comme facteur prédictif de la survenue de l’acné après ajustement par tranches d’âge (p=0,487). Les femmes à partir de 20ans ont déclaré avoir plus d’aggravation périmenstruelle de leur acné (p<0,0001). L’altération de la QV évaluée par le score CADI était plus élevée dans la tranche 20–30ans chez les filles (4,55±2,84 vs. 3,3±2,96, p=0,018), alors que c’est l’inverse qui est constaté chez les garçons (2,83±2,5 vs. 3,47±3,1).

Notre étude est parmi les rares études épidémiologiques, suivant une méthodologie rigoureuse, s’intéressant aux différences épidémio-cliniques de l’acné entre les sujets de moins de 20ans et ceux plus de 20ans. Même si la prévalence reste stable, on note une différence en termes de sévérité, de séquelles, de facteurs prédictifs de survenue et de qualité de vie liés à l’acné entre ces deux tranches d’âge. Ces données sont par ailleurs cohérentes avec les quelques enquêtes éparses retrouvées dans la littérature.

L’acné reste un problème fréquent après l’âge de l’adolescence, avec une qualité de vie plus altérée chez le sexe féminin malgré une sévérité moindre de l’acné faciale.