Un aspect épidermodysplasie verruciforme (EV)-like a été décrit chez les patients immunodéprimés surtout dans le cadre de la transplantation d’organe et du VIH. Nous rapportons, à notre connaissance, les deux premiers cas EV-like chez des patients immunocompétents atteints de psoriasis en plaques et fortement exposés à la PUVAthérapie.

Il s’agissait de deux hommes de 62 et 72 ans, de phototype 2, présentant un psoriasis depuis de nombreuses années pour lequel ils avaient reçu plus de 200 séances de PUVAthérapie associée à des dermocorticoïdes au long cours. Ils n’avaient pas d’autre antécédent personnel ou familial. À partir de l’âge de 50 ans, ils ont présenté un tableau associant une poïkilodermie marquée, des verrues multiples disséminées et des carcinomes basocellulaires et épidermoïdes à répétition (Fig. 1 et 2). Pour un patient, les lésions verruqueuses étaient positives pour HPV 57 en hybridation in situ (HIS). L’analyse des carcinomes épidermoïdes pour les deux patients montrait la présence d’un HPV du groupe bêta (HPV 5 par HIS pour un patient et HPV 38 par PCR nichée pour l’autre). Les lésions cancéreuses existantes étaient traitées par photothérapie dynamique et par chirurgies itératives. Un traitement par acitrétine ainsi que des mesures de photoprotection externe ont été mis en place pour contrôler le rythme d’apparition des lésions cancéreuses cutanées.

L’EV est une génodermatose caractérisée par une infection chronique à HPV du groupe bêta entraînant l’apparition de lésions cutanées virales polymorphes et le développement progressif de cancers cutanés non mélaniques. Chez les patients immunodéprimés le tableau EV-like comprend un risque accru de transformation maligne des lésions virales verruqueuses favorisé par l’exposition chronique aux ultraviolets. La prévalence des HPV du groupe bêta et surtout le type 5 est supérieure dans les plaques des patients psoriasiques à celle de la population générale. Leur rôle en tant qu’antigène cible du psoriasis a été évoqué dans le passé. Chez nos patients, il est possible que la PUVAthérapie, par son effet immunosuppresseur local, favorise la persistance du virus HPV et induise un tableau EV-like. L’effet mutagène de la forte exposition à la PUVA pourrait avoir favorisé la transformation maligne des lésions verruqueuses induites par des HPV du groupe bêta. L’acitrétine diminuerait le rythme de transformation maligne de ces lésions.

Nous rapportons un tableau EV-like chez 2 patients psoriasiques immunocompétents favorisé par la PUVA au long cours et l’immunosuppression locale chronique. La vigilance doit être accrue pour le dépistage et le traitement précoce des lésions verruqueuses chez les patients fortement exposés à la PUVA.