La place des thérapeutiques locales et interventionnelles des condylomes ano-génitaux externes (CAE) dans les dernières recommandations n’est pas clairement établie. Notre objectif était d’évaluer l’efficacité et la tolérance de l’ensemble de ces traitements.

Revue systématique des essais cliniques randomisés (ECR) avec comparaison directe d’au moins 2 traitements locaux, chez des adultes, immunocompétents, porteurs de CAE. Le critère de jugement (CJ) principal était le taux de disparition complète de CAE. Les méta-analyses (MA) ont été réalisées à l’aide du logiciel RevMan^® et les données poolées sur Excel^®, en analyse en intention de traiter.

À partir de 6283 titres et résumés lus, 71 ECR ont été inclus (10 161 patients) et extraits. Nous avons effectué 33 MA et 31 analyses sur le CJ principal, et 62 MA et 126 analyses sur les CJ secondaires. En méta-analyse, les principaux résultats sur le CJ principal (avec la réserve du haut risque de biais pour 67/71 ECR) étaient : une légère supériorité significative de la cryothérapie sur l’acide trichloracétique (TCA) (RR=0,85), de l’électrochirurgie sur la cryothérapie (RR=0,80), de la podophyllotoxine 0,5 % gel sur la podophylline (RR=1,34). Nous ne mettions pas en évidence de différence d’efficacité entre l’imiquimod et la cryothérapie (RR=1,04). On confirmait la supériorité sur le placebo de la polyphénone (RR=1,53), de la podophyllotoxine 0,5 % gel (RR=11,44), de la podophyllotoxine 0,5 % crème (RR=5,11), de l’imiquimod 5 % (RR=4,37) et du 5-FU (RR=2,80). La podophyllotoxine 0,5 % gel et crème, face aux autres traitements comparés, présentait moins de récurrence (RR=0,71 et 0,48) mais la version gel présentait plus d’effets secondaires. L’efficacité des traitements locaux en analyse poolée était de : 68 % pour la crème de 5-FU, 58 % pour l’imiquimod, 57 % pour la podophyllotoxine 0,5 % gel, 55 % pour la polyphénone 15 % et la podophyllotoxine 0,5 % crème. Et des thérapeutiques interventionnelles de : 92 % pour la chirurgie, 90 % pour le laser CO₂, 70 % pour l’acide trichloracétique (TCA) et 61 % pour la cryothérapie.

Avec les réserves liées au nombre restreint d’ECR de faible risque de biais, nous confirmons l’efficacité supérieure des thérapeutiques interventionnelles sur le taux de disparition complète, montrée également dans un travail récemment publié (Thurgar 2016), avec électrochirurgie>cryothérapie>TCA en méta-analyse (niveau de preuve supérieur aux données poolées) et montre l’intérêt du laser CO₂. Le taux de récurrence à 6 mois, critère de jugement majeur pour le clinicien, reste mal évalué dans ces différents ECR. Nous préciserons quelles comparaisons directes, inexistantes, seraient faisables. De même, des comparaisons indirectes et une analyse médico-économique sur l’ensemble des ECR extraits pourraient permettre de hiérarchiser davantage ces traitements.