Association d’un rachitisme sévère avec une ichtyose lamellaire : 2 observations - 23/11/16
Résumé |
Introduction |
L’ichthyose lamellaire est un trouble héréditaire rare de la kératinisation transmis sur le mode autosomique récessif caractérisé par une hétérogénéité clinique et moléculaire. L’association à un rachitisme sévère est très rare. Nous en rapportons 2 observations.
Observation |
Il s’agissait d’un garçon de 4 ans et d’une fillette de 5 ans non apparentés. Ils étaient issus de mariages consanguins et diagnostiqués à la naissance comme bébés collodion. L’examen dermatologique montrait 2 patients de phototype IV présentant un état squameux généralisé à tout le tégument, n’épargnant pas les plis, fait de squames épaisses, larges, grises, d’aspect sale, associé une kératodermie palmo-plantaire et un ectropion bilatéral. L’examen général objectivait chez les 2 patients des troubles de la marche, un retard staturopondéral (−5DS chez le garçon et −4DS pour la fille), associé à des signes osseux de déficit en vitamine D (crâniotabès, chapelets costaux, bourrelets métaphysaires du poignet, genou valgum bilatéral). La biologie montrait une hypocalcémie, une élévation des taux sanguins de phosphatases alcalines et de parathormone (respectivement à 1,69mmol/L, 604U/L et 568pg/mL chez le garçon et de 1,47mmol/L, 2024 U/L et 493pg/mL chez la fille). Le diagnostic de rachitisme sévère associé à une ichtyose lamellaire était retenu chez nos 2 patients. L’interrogatoire des parents trouvait une photoprotection exagérée pour le garçon et l’absence de supplémentation vitaminique chez la fille. Une correction de la calcémie par voie parentérale (500mg/j) était entreprise, relayée par 5000U/j d’ergocalciférol per os, avec normalisation des valeurs biologiques mais persistance de séquelles à type de déformation des membres.
Discussion |
Des cas de rachitisme ont été rapportés au cours des différentes formes d’ichtyose, notamment au cours des érythrodermies ichtyosiformes bulleuses. L’association d’un rachitisme à une ichtyose lamellaire est moins fréquemment décrite. Plusieurs hypothèses peuvent expliquer cette association : un défaut de synthèse de la vitamine D dans un épiderme pathologique, une prolifération kératinocytaire excessive entraînant un défaut de pénétration des rayons ultra-violets dans l’épiderme, une perte excessive de calcium à travers l’épiderme ou une diminution de l’absorption de calcium au niveau des intestins par les rétinoïdes systémiques. Tenant compte de nos 2 observations et des cas de la littérature, il semble que les principaux facteurs de risque sont le phototype foncé et un bas niveau socio-économique. Le dépistage par un dosage vitaminique n’est pas systématique. Mais une supplémentation vitaminique prolongée est nécessaire.
Conclusion |
La supplémentation prolongée en vitamine D est souhaitable devant toute ichtyose congénitale, notamment chez les enfants de phototype foncé, afin d’éviter la survenue d’un rachitisme aux complications potentiellement graves.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Ichtyose lamellaire, Rachitisme, Vitamine D
Plan
☆ | Les illustrations et tableaux liés aux abstracts sont disponibles à l’adresse suivante : http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2016.10.004. |
Vol 143 - N° 12S
P. S291 - décembre 2016 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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