Depuis 1998, une journée de dépistage anonyme et gratuite des cancers cutanés est conduite par le syndicat National des dermatologues vénérologues ; elle a permis depuis sa création le dépistage de plus de 500 mélanomes. La population militaire est à risque de cancer cutané du fait d’une photo-exposition prolongée et répétée. Des journées de dépistage ont été réalisées dans les centres médicaux des armées dépendant de la direction regionale du service de sante des armées (DRSSA) de Metz. Le but de notre étude est de décrire la population militaire dépistée.

Cette étude prospective, multicentrique, descriptive incluait les militaires d’active se présentant spontanément aux journées de dépistage des cancers cutanés réalisées dans leur centre médical. Ils remplissaient un questionnaire médico-biographique puis bénéficiaient d’un examen clinique systématisé de l’ensemble du tégument par un dermatologue des armées. Des conseils d’auto-surveillance et de photoprotection leur étaient remis.

Du 21/09/2015 au 05/02/2016, 645 militaires étaient inclus en 35 demi-journées de dépistage réalisées dans les centres médicaux des armées dépendant de la DRSSA de Metz. L’âge moyen était de 35,1 ans. Quatre participants (0,6 %) déclaraient un antécédent personnel de cancer cutané et 41 (6,4 %) un antécédent familial. Le phototype le plus représenté était IIb (33,3 %). Le nombre moyen d’opérations extérieures et séjours outre-mer était de 3,2. Le diagnostic de syndrome des nævus atypiques était porté chez 7 sujets. Au moins un nævus atypique était trouvé chez 22 % des militaires dépistés et des lésions suspectes de carcinome basocellulaire chez 12 sujets. Une indication d’exérèse pour lésion suspecte était posée chez 69 militaires dépistés (10,7 %). Une surveillance spécifique était recommandée chez 22,8 % des participants. Des examens complémentaires étaient prescrits pour 43 personnes (bilans biologiques, prélèvements bactériologiques ou mycologiques, imagerie). Un traitement était instauré pour 29,3 % des sujets.

Il s’agit de la première étude descriptive de ce type dans les armées. Pour le moment, nous n’avons reçu aucun résultat confirmant le diagnostic de mélanome chez les militaires suspectés durant l’étude. Cependant, 3 patients dépendant de ces CMA se sont présentés avec des mélanomes depuis. Cela traduit une sensibilisation à la fois des militaires et des médecins d’unité au dépistage des cancers cutanés. La suspicion clinique de 12 carcinomes basocellulaires dans cette population jeune confirme le risque élevé de cancer cutané dans la population militaire et devrait faire rechercher un profil de risque spécifique chez ces patients.