Les consultations de dermatologie interservices font partie intégrante de l’activité hospitalière des dermatologues et permettent de réduire des délais de consultation standard longs. Elles ne sont pas prises en compte dans le codage des actes médicaux du service, malgré leur intérêt certain dans la prise en charge du patient. L’objectif de l’étude est de décrire l’apport médico-économique des consultations interservices : niveaux de sévérité des diagnostics dermatologiques établis lors des consultations interservices, effet CMA (comorbidités associées) ou non, impact financier sur la valorisation du séjour.

Une étude prospective analytique a été réalisée du 1^er janvier au 28 février 2015 à l’hôpital Nord Franche-Comté. Le recueil de données était effectué sur Microsoft Excel à partir des informations du dossier personnel informatisé (DPI) lors des consultations chronométrées par les trois dermatologues sénior de l’hôpital. Chaque dossier était codé de manière centralisée par des techniciennes de codage se basant sur les informations cliniques et biologiques du DPI. La médecin du département d’information médicale analysait ensuite ces données pour évaluation des caractéristiques économiques. Les patients issus de services non informatisés et ceux pour lesquels le diagnostic dermatologique était le diagnostic principal du séjour hospitalier ont été exclus de l’étude.

Un total de 64 patients et 71 consultations ont été réalisées. Les services de médecine les plus demandeurs étaient la cardiologie, la rhumatologie et la neurologie. Les groupes diagnostiques majoritaires étaient les troubles trophiques, les pathologies infectieuses et les toxidermies. Les prescriptions induites lors des consultations étaient surtout des pansements et médicaments topiques. Cinquante patients ont pu être pris en compte dans l’analyse économique. Soixante pour cent des diagnostics dermatologiques établis lors des consultations étaient de niveau de sévérité 2 et plus. Dix diagnostics dermatologiques (20 %) modifiaient le niveau de sévérité du diagnostic principal, également appelé effet CMA. L’impact financier de ces consultations interservices était de 20 675€ bruts sur 2 mois du fait des diagnostics dermatologiques seulement. L’ensemble des consultations a été effectué en 667minutes pour un coût médecin total estimé à 785€.

Cette étude est à notre connaissance, la première sur le sujet. L’extrapolation de ce résultat sur un an représenterait un impact financier de 124 050€ bruts, sans tenir compte des coûts des prescriptions induites, surtout topiques, au coût faible. Cela souligne, d’une part, l’intérêt médical et économique des consultations de dermatologie interservices, chronophages, qui devraient être mieux valorisées au sein de l’activité du service, et d’autre part, l’intérêt d’un codage juste des diagnostics et actes médicaux.