Après avoir rappelé les principes fondamentaux du traitement de l’autisme selon la psychanalyse lacanienne, nous présentons une étude prospective de l’évolution de 24 enfants atteints d’un trouble envahissant du développement, qui ont bénéficié d’une prise en charge institutionnelle orientée par la psychanalyse lacanienne. L’efficacité d’une telle prise en charge est tout d’abord mesurée à partir d’échelles relatives aux compétences en socialisation, en communication, en autonomie et en motricité et au quotient développemental. Ensuite, dans le but de décrire le processus thérapeutique, d’en préciser les préalables et d’en saisir les effets bénéfiques, nous enrichissons notre étude par une analyse clinique.

Vingt-quatre enfants ont participé à notre étude. Tous ont reçu un diagnostic d’autisme infantile (n=14) ou d’autisme atypique (n=10). Ces 24 enfants sont âgés en moyenne de 7 ans et 5 mois. Leur évaluation standardisée a été réalisée à l’aide des échelles du Vineland (pour ce qui est des comportements socio-adaptatifs) et de la Harvey ou de la Columbia (pour ce qui est du quotient intellectuel ou développemental), à deux moments distincts : lors de leur admission et après deux ans de prise en charge.

Les résultats de l’ensemble des enfants attestent une progression statistiquement significative dans tous les domaines abordés par l’échelle du Vineland (communication, autonomie, motricité et socialisation). Un gain statistiquement significatif du quotient développemental a également été observé pour les 11 enfants qui ont pu être évalués à l’admission et après deux ans de prise en charge. L’étude clinique montre qu’en respectant certains préalables, il est possible de se faire le partenaire de l’enfant autiste et de lui servir d’appui propre à animer une dynamique subjective. À partir de cette position, l’enfant autiste peut tolérer l’introduction de petits changements dans sa réitération et dans la rigidité de sa construction. Cette ouverture au changement permet d’élargir et de complexifier les circuits instaurés autour des objets élus par l’enfant autiste.

Évaluer l’efficacité d’une prise en charge thérapeutique selon des critères statistiques ou cliniques n’est pas du même ordre. Notre étude statistique nous a permis d’observer certains changements significatifs liés aux domaines abordés par les échelles utilisées. À l’aide de notre étude clinique, nous sommes revenus à la question du sujet, et nous avons dégagé quelques-uns des éléments autour desquels un enfant autiste s’est concrètement construit une solution singulière, et a pu s’ouvrir davantage aux autres.

La prise en charge institutionnelle orientée par la psychanalyse lacanienne montre son efficacité, comparativement aux résultats fournis par des études similaires de la littérature.

Starting from a review of the basic principles for the treatment of autism according to Lacanian psychoanalysis, we present a prospective study of the evolution of 24 children with pervasive developmental disorder who received institutional therapy oriented by Lacanian psychoanalysis. The efficacy of this therapy was evaluated on scales assessing socialization, communication, autonomy, motor functioning and intellectual and developmental quotients. Then, to describe the therapeutic process, to specify the prerequisites and to assess the beneficial effects, the study is completed by a clinical case.

Twenty-four children took part in our study. All received a diagnosis of infantile autism (n=14) or atypical autism (n=10). Their mean age was 7 years and 5 months. Standardized evaluations were carried out using the Vineland Social Maturity Scale (for socio-adaptive behaviours) and the Harvey and Columbia scales (intelligence and developmental quotients), at two distinct moments: at admission and after 2 years of treatment.

The results attest a statistically significant progression in all socio-adaptive domains on the Vineland scale (communication, autonomy, motor functioning and socialization). A statistically significant improvement in the developmental quotient was also observed for the 11 children who were evaluated both at admission and after two years of treatment. The clinical study shows that by respecting certain preconditions, it is possible for clinicians to form a partnership with the child with autism and to provide support enabling a subjective dynamic to develop. This helps the child with autism to tolerate the introduction of small changes in the repetitive and rigid constructions she or he adheres to. This openness to change makes it possible to widen and complexify the circuits established around the objects to which the child is attached.

Evaluating the efficacy of a treatment on the basis of statistical criteria is not the same as making an evaluation using clinical criteria. Our statistical evaluation made it clear that significant changes could be observed in all the domains assessed on standardised scales. Our clinical study, in turn, enabled the question of the subject to be addressed. In this way, it is possible to observe specific elements around which a child has constructed his own solutions, and has been able to open up to others.

Institutional therapy oriented by Lacanian psychoanalysis has a significantly positive effect on various aspects of socio-adaptive and intellectual functioning, comparable to the effects demonstrated by similar studies concerning different treatments.