Ces dernières décennies, les motivations relatives à la durabilité ont pris de l’importance dans les motivations d’achats alimentaires des consommateurs. Cependant, à notre connaissance, aucune n’étude n’a investigué la relation entre ces motivations et la qualité de l’alimentation des individus. Cette étude transversale avait pour objectif d’étudier le lien entre motivations d’achats et profils alimentaires dans un échantillon de français adultes.

Les motivations d’achats alimentaires ont été collectées chez 31 842 adultes participant à l’étude NutriNet-Santé, à l’aide d’un questionnaire de 63 items validé. Le questionnaire était composé de 9 dimensions de scores : éthique et environnement, production locale et traditionnelle, goût, absence de produits chimiques, santé, simplicité, freins liés à l’environnement, innovation et prix. Les apports alimentaires étaient évalués à l’aide d’enregistrements de 24h et classés par groupe alimentaire selon les groupes alimentaires définis par le Programme national nutrition santé (PNNS). Les profils alimentaires ont été obtenus par Analyse factorielle utilisant l’analyse en composante principale (AF-ACP). Des régressions linéaires multiples ont été utilisées pour évaluer les associations entre les profils alimentaires et les dimensions de score factoriels.

Les dimensions dont les scores moyens étaient les plus élevés étaient le goût, la santé et l’éthique et l’environnement. Trois profils alimentaires différents ont été obtenus par AF-ACP et reflétaient des alimentations « santé », « traditionnelle » et « occidentale ». Le premier profil alimentaire était défini comme « santé » car il était caractérisé par, entre autres, de plus fortes consommations de fruits et légumes, produits complets, poissons et œufs et des consommations plus faibles de charcuteries, produits gras et salés. Les personnes les plus concernées par les freins liées à l’environnement (β_femmes=0,18, 95 % CI=0,15–0,20, β_hommes=0,20, 95 % CI=0,15–0,25), l’éthique et l’environnement (femmes seulement, β=0,05, 95 % CI=0,02–0,08), l’absence de contaminants (femmes seulement, β=0,03, 95 % CI=0,01–0,07), la production locale (femmes seulement, β=0,08, 95 % CI=0,05–0,11) mais aussi la santé (femmes seulement) et l’innovation (hommes seulement), et ceux moins intéressés par le prix, étaient caractérisés par ce profil santé. Les deux autres profils étaient caractérisés par une moins bonne qualité nutritionnelle et étaient moindrement associés aux motivations d’achats durables.

Cette étude a mis en avant que les consommateurs qui avaient le plus de motivations de choix alimentaires concernant la durabilité étaient caractérisés par un profil alimentaire reflétant une meilleure qualité nutritionnelle. Les profils alimentaires favorisant la santé semblent donc accompagnés de préoccupations durables, cependant, des études longitudinales sont encore nécessaires pour étudier le sens de cette association. De futures études permettraient également de mieux comprendre comment la durabilité pourrait être un levier vers une alimentation plus saine.