Une corrélation entre rêves agressifs et dysfonctionnement cognitif a été rapportée chez les patients parkinsoniens atteints d’un Trouble du Comportement en Sommeil Paradoxal (TCSP). Néanmoins, le lien entre les rêves et les fonctions cognitives est mal connu. Nous avons étudié les caractéristiques des rêves chez les patients atteints de Maladie de Parkinson (MP) avec et sans Trouble Cognitif Léger (TCL).

15 patients parkinsoniens présentant un TCL (MP-TCL+ ; 9H, 6F ; âge moyen : 64,7±9,3), défini selon les critères de Litvan et al., 2001, ont été appariés en âge et en sexe avec 15 patients sans TCL (MP-TCL-). La proportion de patients présentant un TCSP ne différait pas significativement entre les groupes (10/15 MP-TCL+vs 11/15 MP-TCL- ; p=0,7). Tous les patients ont été soumis à une batterie neuropsychologique complète et ont rempli un agenda des rêves durant 3 semaines. Les rêves ont été analysés selon la méthode quantitative de Hall&Van de Castle et l’échelle de la menace de Revonsuo.

Au total, 240 rêves ont été analysés (123 rêves MP-TCL+ ; 117 MP-TCL-). Les patients MP-TCL+ ont présenté un pourcentage plus important de rêves agressif (49 % vs 24 % ; p=0,0001) et à caractère sexuel (08 % vs 03 % ; p=0,047), ainsi que d’éléments de menace (42 % vs 21 %, p<0,01) par rapport aux MP-TCL-. L’agressivité dans les rêves corrélait inversement avec les fonctions visuo-spatiales (r=−0,462 ; p=0,01) et la mémoire à long terme (r=−0,391 ; p=03), alors que la menace dans les rêves corrélait inversement avec le Mini Mental State Examination (r=−0,428 ; p=0,021) et avec la capacité à reconnaître des émotions faciales (r =−0,511 ; p=005).

Les rêves des patients parkinsoniens avec TCL montrent plus d’éléments agressifs et sexuels que les patients sans TCL, indépendamment de la présence de TCSP. L’atteinte des capacités cognitives et limbiques retrouvée dans la MP pourrait être impliquée dans l’altération du contenu onirique.