Certaines conséquences cliniques de la consommation chronique de cannabis sont bien connues ; mais depuis un an, le CEIP-A de Nantes a reçu plusieurs notifications de « syndrome cannabinoïde ». Certains patients consommateurs chroniques quotidiens de cannabis, présentent de façon cyclique de fortes douleurs abdominales ainsi que des crises de nausées et de vomissements qui peuvent avoir de sévères conséquences et entraîner une hospitalisation. Ce travail vise à caractériser ce nouveau syndrome.

Analyse des notifications reçues par le réseau des CEIP-A, recherche bibliographique en utilisant la méthode Prisma « cannabinoid hyperemesis » sans limitation de temps. Les articles mentionnant des cas rapportés ont été ensuite sélectionnés.

Les CEIP-A ont recueilli 26 cas dont 23 en 2015/2016, 2 en 2014 et 1 en 2013. Trente articles correspondant à 55 cas rapportés ont été publiés dans la littérature. Quinze articles ont été publiés depuis 2014. Tous ces cas ont une présentation clinique semblable. Les patients présentent régulièrement des périodes de crises espacées par des périodes calmes. Au cours de la crise, douleurs abdominales et vomissements incoercibles sont au premier plan du tableau clinique et peuvent entraîner des déshydratations sévères accompagnées de troubles de la concentration ionique sanguine. Les consommations moyennes de cannabis sont en général élevées. Ces crises sont difficilement contrôlables. La stratégie la plus efficace pour diminuer les symptômes semble être la prise de bains ou de douches chauds.

Le syndrome cannabinoïde est un syndrome récemment identifié. Plusieurs hypothèses expliquent son apparition récente, parmi lesquelles l’augmentation de la teneur en THC du cannabis et l’apparition des cannabinoïdes de synthèse. Les hypothèses neurobiologiques expliquant ce tableau sont encore controversées. Une surveillance prospective de la survenue de ces cas est nécessaire.