La multiplicité et la diversité des produits de synthèse (nouveaux produits de synthèse [NPS] et anciens produits de synthèse [APS] LSD, MDMA, amphétamines] est un phénomène qui implique de nouvelles problématiques de santé publique. L’objectif de cette étude est de décrire l’évolution des consommations de ces produits de synthèse (PS) au sein d’une population de sujets fréquentant les structures spécialisées dans la prise en charge des addictions et participant à l’enquête OPPIDUM.

OPPIDUM est une étude pharmaco-épidémiologique nationale, annuelle et transversale. Les modalités de consommation des substances psychoactives consommées la semaine précédant l’enquête sont décrites par les patients inclus. Les données concernant les PS ont été analysées via OPPIDUM de 2000 à 2015.

Entre 2000 et 2015, 1859 (2,7 %) des sujets inclus dans OPPIDUM consommaient un PS (âge moyen 26ans en 2000 vs. 32 en 2015). Au total, 96 % consommaient un APS. Alors qu’en 2000, la MDMA était la plus consommée des APS (67 %), en 2015 la répartition est plus équilibrée (40 % MDMA, 36 % amphétamines, 24 % LSD). Entre 2000 et 2004, la part d’usagers de MDMA augmente puis diminue jusqu’en 2010 avant de ré-augmenter depuis 2011. Une augmentation de l’utilisation IV de MDMA s’observe depuis 2011 (0 % en 2000, 18 % en 2011 et 16 % en 2014) ainsi que de la voie nasale depuis 2010 (0 % en 2000, 23 % en 2010 et 22 % en 2014). Les consommateurs de NPS représentent 6 % des consommateurs de PS (n=102) : 67 phenethylamine, 19 cathinones, 15 autres NPS (éthylphénidate, GBL, méthoxétamine, 3-MeO-PCP, methoxphénidine), 8 cannabinoïdes de synthèse, 5 tryptamines, 2 benzodiazépines de synthèse et 1 pipérazines ; 25 % étaient achetés sur Internet ; 86 % étaient consommés entre 2007–2015. Jusqu’en 2007, la méthamphétamine était le seul NPS recensé dans OPPIDUM vs. 15 différents en 2015.

Une augmentation de la consommation de MDMA depuis 2011 (notamment par voie intraveineuse) et une diversification des NPS consommés sont observés. Le dispositif OPPIDUM permet d’objectiver sur 15ans une diversification de l’usage des PS (type et modalités précises de consommation) permettant une optimisation des actions de prévention primaire et secondaire.