Addiction au zolpidem/Stilnox® : la partie émergée de l’iceberg ? - 01/03/17
Résumé |
Introduction |
Le mésusage du zolpidem (Stilnox®), médicament hypnotique, est un phénomène mis en évidence depuis plusieurs années. Le zolpidem présente un risque addictif, lié à ses propriétés apparentées aux benzodiazépines et à des effets paradoxaux : effet stimulant, euphorie, anxiolyse… Pour évaluer les retentissements de cette addiction médicamenteuse, nous proposons l’analyse des caractéristiques des patients pris en charge en addictologie.
Méthodes |
Les caractéristiques des patients pris en charge dans le service d’addictologie pour mésusage de zolpidem (avril 2015–août 2016) sont recueillies et analysées : doses, effets recherchés, mésusage d’autres médicaments, profil psychologique, présence de critères du trouble de l’usage de substances selon le DSM-V.
Résultats |
Treize patients (6 femmes/7 hommes, âge moyen 40 ans) sont pris en charge pour un mésusage de zolpidem (ancienneté du mésusage : 8 ans en moyenne [1–16 ans]). Les doses maximales journalières déclarées atteignent 60mg à 2 000mg par voie orale. Cinquante pour cent des patients consomment environ 14 comprimés dosés à 10mg par jour (2 boîtes). Les effets recherchés sont l’anxiolyse, l’euphorie, l’effet stimulant, la sensation de bien-être, le sommeil. Pour 30 % des patients, il existe également un mésusage en benzodiazépines. Cinquante-quatre pour cent des patients ont des antécédents de crises convulsives liées à l’arrêt brutal du zolpidem et 62 % sont hospitalisés pour un sevrage. Le profil psychologique comprend systématiquement l’anxiété, pouvant être associée à une dépression, une impulsivité ou des troubles du sommeil. Tous les patients présentent au moins 5 critères du trouble de l’usage de substance (addiction au zolpidem modérée à sévère).
Discussion |
L’utilisation du zolpidem est massive et banalisée (25 millions de boîtes vendues en France en 2012), en ville comme à l’hôpital (jusqu’à 6 % des patients hospitalisés dans une enquête locale sur un an). L’addiction au zolpidem est peu connue et probablement sous-estimée. La prise en charge est tardive. Le médicament est obtenu en raison d’un nomadisme médical ou d’achat en pharmacie sans ordonnance. Le zolpidem est aussi le 1er médicament cité sur les ordonnances falsifiées (enquêtes Osiap 2007–2012). Des mesures de prévention et de repérage semblent indispensables, notamment l’information des professionnels de santé.
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Vol 72 - N° 1
P. 167 - février 2017 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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