Complication inhabituelle d'une toxoplasmose oculaire. - 08/03/08
P Crepy,
F Froussart,
P Ocamica,
C Dot,
JM (Clamart) Giraud,
T Debord,
R (Saint Mandé) Roue,
M (Clamart) Maille
Introduction. La toxoplasmose oculaire est une infection récidivante bien connue des ophtalmologistes dont la gravité tient principalement à la localisation au pole postérieur des foyers choriorétiniens pouvant réaliser alors un déficit fonctionnel majeur et définitif. Dans ce cas, un traitement antiparasitaire est justifiée, s'accompagnant d'une surveillance rigoureuse du patient en raison des possibles effets indésirables.
Observation. Nous rapportons le cas d'un homme jeune de 33 ans, hospitalisé pour baisse profonde de l'acuité visuelle unilatérale, aux antécédents connus de toxoplasmose oculaire.
L'examen fonctionnel, clinique et angiographique évoque une récidive juxtamaculaire de cette parasitose dont le premier foyer cicatriciel se situe sur l'axe vasculaire temporal supérieur. Le traitement comporte l'association classique pyrimethamine, sulfadiazine, et corticoïdes 48 heures plus tard. L'évolution fonctionnelle est satisfaisante. Trois semaines plus tard une thrombopénie apparaît, les antiparasitaires sont remplacés par la clindamycine. Quatre semaines après le début du traitement, le patient décède brutalement par défaillance cardiaque au cours d'une séance de course à pied. L'autopsie révèle la présence de plusieurs foyers de myocardite lymphocytaire avec nécrose myocitaire dans la paroi du ventricule gauche et l'absence de parasite décelable à l'examen microscopique et immunohistochimique.
Discussion. La cause du décès pourrait être les troubles du rythme provoqués par cette myocardite localisée, mal supportés dans ce contexte d'effort physique. Le lien de causalité entre la récidive de choriorétinite toxoplasmique et cette dramatique complication n'est à ce jour pas clairement prouvée.
Chez l'immunocompétent, la localisation myocardique existe mais peu fréquente ; on ne peut exclure une autre infection intercurrente, myocardite virale par exemple, à la faveur d'une immunodépression transitoire provoquée par le traitement ou liée à l'infection. La toxicité des médications est connue, mais se pose le problème du respect des consignes (prescription thérapeutique, repos strict, règles hygiénodiététiques) chez ce jeune homme dont le comportement hospitalier laissait à désirer. Enfin, après une toxoplasmose pulmonaire en 1991 au retour d'un séjour professionnel en Guyanne et le premier épisode de toxoplasmose oculaire en 1992, peut on évoquer une souche particulièrement pathogène de Toxoplasma Gondii ?
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Vol 25 - N° 5
P. 47-48 - avril 2002 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.