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Syndrome de Münchhausen par procuration : à propos d’un cas d’intoxication par la lamotrigine documenté par l’analyse des cheveux - 22/04/17

Doi : 10.1016/j.toxac.2017.03.007 
G. Hoizey 1, , D. Valet 2, M. Chèze 1, A. Muckensturm 1, M.-C. Quinton 3, A.-S. Lemaire-Hurtel 3, G. Pépin 1, M. Deveaux 1
1 Laboratoire Toxlab, Paris, France 
2 Unité médico-judiciaire, centre hospitalier, Beauvais, France 
3 Laboratoire de pharmacologie-toxicologie, CHU, Amiens, France 

Auteur correspondant.

Résumé

Objectif

Décrire un cas de syndrome de Münchhausen par procuration, forme particulière de maltraitance infantile souvent difficile à diagnostiquer, chez un enfant de 16 mois, documenté par des analyses toxicologiques, notamment capillaires.

Description du cas

Il s’agit d’un enfant de 16 mois pour lequel il sera répertorié depuis sa naissance 32 passages aux urgences pédiatriques, dont 13 ont été suivis d’une hospitalisation de plusieurs jours dans différentes structures de soins. Outre des troubles digestifs et ORL, les motifs d’hospitalisation sont essentiellement des signes neurologiques à type de tremblements ou de mouvements anormaux, toujours allégués par la mère. Aucune des explorations menées (notamment neurophysiologiques) n’a permis de trouver une explication univoque aux symptômes neurologiques de l’enfant rapportés par sa mère. Durant les périodes d’hospitalisation, aucun épisode de malaise n’a été constaté. Quatre mois environ avant que le diagnostic ne soit posé, il est retenu, au décours d’une énième admission à l’hôpital et suivant à nouveau les indications de la mère, l’existence d’un syndrome épileptique débutant, justifiant la mise place d’un traitement antiépileptique notamment par lévétiracétam. De nouveaux épisodes de crises convulsives tonico-cloniques, sous traitement bien mené, ont été constatés cette fois-ci par des personnels soignants ; ces crises sont apparues suffisamment suspectes pour que finalement, 2mois plus tard, l’hypothèse d’un syndrome de Münchhausen par procuration soit évoquée. Les premières analyses toxicologiques montreront la présence de lamotrigine à concentration toxique (74mg/L) dans le sang de l’enfant [1], pouvant expliquer les symptômes observés plusieurs mois auparavant. L’analyse des cheveux est requise pour confirmer l’exposition de l’enfant depuis sa naissance à la lamotrigine, traitement antiépileptique de sa mère.

Méthodes

Une mèche de 18cm a été coupée en 4 segments afin de couvrir la période d’intérêt de 15mois. Après décontamination, coupage fin aux ciseaux et extraction liquide–liquide, les analyses ont été réalisées par GC-MS et LC-MS/MS.

Résultats

Les analyses ont mis en évidence la lamotrigine dans les 4 segments de cheveux (racine : 45ng/mg, segment 2 : 63ng/mg, segment 3 : 96ng/mg, pointe : 102ng/mg). Le lévétiracétam et le 7-aminoclonazépam ont été identifiés dans les segments 1 (racine) et 2, correspondant aux périodes de traitements.

Conclusions

Sans exclure la contribution probable d’une exposition in utero aux résultats obtenus (l’enfant n’a pas été allaité), l’analyse des cheveux a permis de confirmer l’exposition de l’enfant à la lamotrigine depuis sa naissance. À l’évidence, les surdosages répétés par cette molécule auront été la cause du déclenchement des signes cliniques neurologiques constatés (effet paradoxal des médicaments antiépileptiques) ayant conduit au diagnostic d’épilepsie vraie et la mise en place d’un traitement antiépileptique. Un syndrome de Münchhausen par procuration a été retenu pour la mère, et l’enfant placé. Aucune récidive de malaise ou de convulsion n’a été constatée depuis que le traitement antiépileptique a été arrêté. Ce cas illustre toute la difficulté de diagnostic de cette maladie psychologique grave, potentiellement très dangereuse, dont l’objectif est toujours celui d’attirer l’attention sur l’auteur par l’intermédiaire de la victime.

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Vol 29 - N° 2S

P. S15 - mai 2017 Retour au numéro
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