But. Classiquement les altérations du champ visuel au cours des glaucomes chroniques restent longtemps compatibles avec une acuité visuelle conservée. Inversement, les neuropathies optiques retro bulbaires se manifestent initialement par une baisse d'acuité visuelle. Nous décrivons le cas d'une neuropathie optique rétro bulbaire gauche dont 'expression clinique revêt celle d'une neuropathie optique glaucomateuse.

Matériel et Méthode. Un homme de trente ans à perdu sa fonction visuelle droite suite à deux poussées de névrite optique rétro bulbaire indolores survenues à un an d'intervalle. Les examens morphologiques : imagerie par résonance magnétique nucléaire, ponction lombaire, potentiels évoqués visuel gauche, auditifs et somesthésiques se sont révélés normaux. Quelques années plus tard sont apparus des paresthésies des membres inférieurs. Le patient a été traité par corticoïdes IV puis per os, puis mis sous immunomodulateurs : Interféron pendant deux ans. Les paresthésies ont disparus. Huit ans plus tard l'oeil adelphe a présenté un rétrécissement sévère du champ visuel sans baisse d'acuité visuelle quelques semaines après la réapparition des paresthésies.

Résultats. La recherche des trois mutations primaires de la maladie de Leber : G11778A, G3460A, T14484C s'est avérée négative. Les diagnostics de maladie de Leber, de sclérose en plaques, de maladie de Devic sont envisagés. La sémiologie atypique de la névrite optique rétro bulbaire gauche est comparée à celle des neuropathies optiques glaucomateuses.

Commentaire et Conclusions. L'acuité visuelle n'est pas toujours corrélée à la sévérité d'une névrite optique rétro bulbaire. Un rétrécissement isolé du champ visuel sans baisse d'acuité visuelle peut s'observer au cours d'une neuropathie optique rétro bulbaire dans le cadre d'affections démyélinisantes ou de maladie de Leber. Devant un glaucome chronique inhabituel, il est impératif d'obtenir une imagerie cérébrale et des nerfs optiques.