Étude de l’efficacité d’un antidote de type Fab dans les intoxications à la colchicine chez le cochon nain Göttingen utilisé comme modèle de l’intoxication humaine - 22/04/17
Résumé |
Objectif |
L’objectif de cette étude a été de développer un modèle d’intoxication aiguë à la colchicine chez le cochon nain Göttingen afin d’évaluer l’efficacité d’un nouvel antidote de type fragment Fab spécifique.
Méthodes |
La première étape a été de déterminer la dose létale dans le modèle animal étudié, puis d’évaluer l’efficacité de l’administration à différents temps des fragments Fab sur la survie des animaux. Ceux-ci étaient anesthésiés durant toute la durée de l’expérience, la fonction cardiaque étant suivie de façon continue (ECG, pression artérielle, rythme cardiaque). Des prélèvements sanguins et urinaires ont été réalisés afin d’étudier la toxicocinétique de la colchicine avant et après traitement. Les animaux étaient euthanasiés lorsque la pression artérielle moyenne chutait à 45mmHg ou à la fin de l’étude (48h), des prélèvements d’organe étant alors réalisés. Une méthode originale en LC-MS/MS a été développée afin de déterminer les concentrations en colchicine libre et totale (libre+fixée au Fab).
Résultats |
La méthode de dosage a été validée dans le sang total et les organes. Elle permet de quantifier la partie libre et la partie fixée à l’antidote de la colchicine. L’utilisation de la colchicine-D3 comme étalon interne (EI) permet de s’assurer du dosage de l’intégralité de la colchicine fixée au Fab (disparition de l’EI se fixant au Fab en excès dans le cas contraire). Les premiers animaux ont été traités par colchicine per os, montrant une importante variabilité inter-individuelle sur les paramètres d’absorption (n=4). Une forme intraveineuse a donc été développée. Après essais de plusieurs doses, la dose léthale retenue a été de 0,25mg/Kg IV, avec une bonne reproductibilité (n=3) :Cmax colchicine plasmatique=273,2±10,7ng/mL,T1/2=0,21±0,01h, AUCT0-20h=509±69ng/mL/h, les animaux étant euthanasiés à un temps moyen T=21±2,6h. Quatre animaux ont ensuite été traités avec une dose équimolaire de fragments Fab, administrée pendant 1h et débutée soit 1h (n=2), soit 3h (n=2) après la fin de l’administration de la colchicine ; tous les animaux ont survécu à 48h. L’administration de l’antidote était associée à une disparition de la colchicine plasmatique libre, à une augmentation très importante de la colchicine totale (AUCT0–20h : 4433±607ng/mL/h et 2047±51ng/mL/h) et à une augmentation de la quantité cumulée de colchicine éliminée dans les urines (respectivement 50±9 % et 43±0 % vs 30±4 %). On observe donc une redistribution importante de la colchicine depuis le compartiment tissulaire vers le compartiment sanguin et les urines, d’autant plus que l’administration est précoce, évitant probablement les effets toxiques cellulaires de la colchicine. Une administration 7h après la colchicine n’a pas permis la survie des cochons.
Conclusion |
Cette étude a permis de développer un modèle reproductible d’intoxication aiguë à la colchicine dans un modèle porcin. Une redistribution importante de la colchicine est observée des tissus vers le compartiment sanguin puis les urines après administration précoce de fragments Fab, associée à une baisse de la toxicité et une survie des animaux. L’étude clinique permettant d’évaluer cet antidote chez l’homme, sa pharmacocinétique, son rythme d’administration, de définir son efficacité et son innocuité dans le traitement des intoxications à la colchicine est en cours d’élaboration.
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Vol 29 - N° 2S
P. S40 - mai 2017 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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