Intoxications à la ciguatera gérées par le centre antipoison (CAP) de Marseille entre 2010 et 2016 - 22/04/17
Résumé |
Objectif |
Recenser les cas de ciguatera rapportés au CAP de Marseille de 2010 à 2016 afin d’évaluer l’ampleur de cette intoxication en termes de nouveaux cas, de gravité et de résurgence des symptômes.
Description |
La ciguatera est une intoxication fréquente des régions tropicales, décrite après ingestion de chair de poissons contaminés par les ciguatoxines produites par l’algue unicellulaire Gambierdiscus toxicus, qui prolifère lorsque les récifs coralliens sont endommagés et contamine alors toute la chaîne alimentaire. Ces toxines s’accumulent dans les tissus des poissons avec des concentrations importantes pour les carnivores en bout de chaîne (mérous, barracudas). En Europe, on constate un nombre croissant de cas d’importation par le biais de touristes de retour de vacances ou lors d’intoxications contractées suite à la consommation de poissons congelés des régions tropicales, les toxines résistant à la cuisson et à la congélation. Les premiers signes sont digestifs puis neurosensoriels et cardiovasculaires. L’évolution classique est caractérisée par une persistance de picotements avec démangeaisons palmoplantaires, de douleurs neuromusculaires et d’une asthénie pouvant durer plusieurs mois. Chez certains patients, on observe une résurgence des symptômes après la prise d’alcool ou l’ingestion de chair de poisson provenant des mers chaudes, contaminée même en quantité infime (insuffisante pour contaminer un sujet naïf). Des équipes américaines proposent d’utiliser des antidépresseurs (amitriptyline) ou la gabapentine afin d’atténuer les troubles neurologiques.
Méthodes |
Les données ont été recueillies entre 2010 et 2016 à partir de la base locale des cas d’intoxications, et comparées à des travaux similaires réalisés sur les périodes 1997–2002 [1 ] et 2003–2009 [2 ] par le CAP de Marseille. Tous les cas inclus dans ces études reposent sur une évaluation clinique et une chronologie des événements imputables à une ciguatera.
Résultats |
Le nombre d’appels pour des cas de ciguatera est en augmentation, de 7 cas (18 patients) entre 1997 et 2002 à 22 cas (56 patients) entre 2010 et 2016. La littérature mentionne des symptômes digestifs moins sévères, voire absents, dans l’océan Pacifique par rapport à l’océan Atlantique. Dans notre série, les symptômes digestifs semblent effectivement moins sévères en Nouvelle Calédonie, alors qu’ils semblent aussi sévères en Polynésie Française qu’en Atlantique. Pour l’ensemble des 56 patients suivis entre 2010–2016, 16 ont déclarés souffrir de troubles neurologiques persistants, pouvant durer de 4 semaines à 18 mois, et 8 ont présenté une résurgence des symptômes après une consommation d’alcool ou de chair de poisson.
Conclusions |
En raison de l’accroissement du nombre de touristes chaque année (alors que parallèlement les récifs coralliens déclinent), les professionnels de santé en Europe sont de plus en plus confrontés à cette intoxication. Une meilleure prévention, passant notamment par une information des touristes dans les pays d’endémies et des professionnels de santé, permettrait un diagnostic plus rapide ainsi qu’une meilleure prise en charge des troubles neurologiques persistants, tout en diminuant le risque de résurgence. En zone d’endémie, il est nécessaire de mieux informer les populations sur les espèces de poissons à éviter et surveiller les zones à risque. Cependant, il n’existe pas encore de biomarqueurs qui permettent de poser le diagnostic, ni de traitement efficace. La prévention reste à ce jour le seul moyen pour minimiser le nombre d’intoxication.
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Vol 29 - N° 2S
P. S66 - mai 2017 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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