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Rôle phénotypique des anticorps anti-Ro52 (TRIM21) dans le syndrome des anti-synthétases (étude RoSAS) : marqueur prédictif de sévérité ? - 22/05/17

Doi : 10.1016/j.revmed.2017.03.071 
M. Cabon 1, , A. Meyer 2, B. Hervier 3, M. Hamidou 4, E. Hachulla 5, Y. Uzunhan 6, F. Maurier 7, P. Kaminsky 8, H. Devilliers 9, O. Benveniste 3, J. Sibilia 2

Collaboration RoSAS (Ro52/TRIM21 dans le syndrome des anti-synthétases)

1 Service des maladies infectieuses et tropicales, hôpital d’instruction des armées Bégin, Saint-Mandé, France 
2 Service de rhumatologie, centre national de référence des maladies auto-immunes, hôpitaux universitaires de Strasbourg, hôpital de Hautepierre, Strasbourg, France 
3 Département de médecine interne et immunologie clinique, hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris, France 
4 Service de médecine interne, Hôtel-Dieu, CHU, Nantes, France 
5 Département de médecine interne, centre national de référence des maladies auto-immunes, hôpital Claude-Huriez, CHRU, Lille, France 
6 Service de pneumologie, hôpital Avicenne, Bobigny, France 
7 Service de médecine interne, hôpital Belle-Isle, Metz, France 
8 Département de médecine interne et immunologie clinique, hôpitaux de Brabois, CHRU de Nancy, Vandœuvre-lès-Nancy, France 
9 Service de médecine interne et maladies systémiques, hôpital François-Mitterrand, CHU, Dijon, France 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

Le syndrome des anti-synthétases (SAS) est une pathologie polymorphe au pronostic difficilement prévisible. Les anticorps spécifiques anti-aminoacyl-ARNt-synthétase (AAS) déterminent différents sous-ensembles, mais d’autres biomarqueurs sont nécessaires pour affiner les caractéristiques phénotypiques et le pronostic du SAS. Les auto-anticorps anti-Ro/SSA de 52kDa (Ro52), aussi désignés sous la dénomination anti-TRIM21, ont une signification clinique controversée actuellement. L’objectif de cette étude était d’analyser le rôle phénotypique des anticorps anti-Ro52/TRIM21 dans une cohorte de patients avec SAS.

Patients et méthodes

Cette étude multicentrique rétrospective (10 centres) a analysé les caractéristiques des patients avec SAS et des anticorps anti-Ro52/TRIM21 (Ro52+) isolés comparativement aux patients avec SAS n’ayant pas d’anticorps anti-Ro52/TRIM21 (Ro52−). Les patients ont été inclus s’ils présentaient :

– une atteinte clinique compatible avec un SAS (atteintes pulmonaires, musculaires, dermatologiques ou articulaires) ;

– deux tests successifs positifs pour un anti-AAS ;

– et si le statut des anticorps anti-Ro52/TRIM21 sur deux tests consécutifs était disponible.

Les données cliniques et paracliniques étaient recueillies à l’aide d’une fiche de recueil standardisée.

Résultats

Nous avons inclus 146 patients, dont 78 (53,4 %) dans le groupe Ro52+ et 68 (46,6 %) dans le groupe Ro52−. L’âge (47,4±1,9 ans vs. 48,6±2 ans), le sex-ratio femme/homme (3,33 vs. 2,24 ; p=0,35) et la distribution des caractéristiques des anti-AAS n’était pas différente entre les deux groupes (anti-Jo1 : 64,5 % vs. 58,2 % ; p=0,79). La dyspnée était plus fréquente (68,4 % vs. 53,7 % ; p=0,041) et de plus grande sévérité (NYHA III ou IV ; p=0,002) dans le groupe Ro52+. Pour autant, la fréquence de l’atteinte pulmonaire interstitielle n’était pas différente (84,6 % vs. 76,5 % ; p=0,713). En revanche, une fréquence plus élevée d’hypertension pulmonaire, estimée par échocardiographie ou cathétérisme cardiaque droit (25,9 % vs. 3,6 % ; p<0,001) était objectivée dans le groupe Ro52+. Une hyperkératose en « mains de mécanicien » était aussi plus fréquente dans le groupe Ro52+ (41,7 % vs. 22,4 % ; p=0,021). La fréquence des autres caractéristiques dermatologiques ne différait pas entre les groupes, en particulier la sclérodactylie (p=0,2). De même, il n’y avait pas de différence au plan musculaire et articulaire. Le syndrome sec buccal était plus fréquent dans le groupe Ro52+ (p=0,027) mais les critères objectifs (comme l’histologie des glandes salivaires ou les tests fonctionnels) n’étaient pas en faveur d’une plus grande fréquence du syndrome sec dans le groupe Ro52+. Les antécédents ou la survenue d’un évènement néoplasique dans les 3 ans après ou avant le diagnostic n’était pas différent entre les groupes. À la prise en charge initiale et au diagnostic du SAS, les patients Ro52+ recevaient moins fréquemment une corticothérapie à de faibles doses (définis par une dose<0,5mg/kg/jour) (p=0,005) et ces mêmes patients avaient besoin d’un nombre total d’immunosuppresseurs plus élevé (1,7±0,1 vs. 1,3±0,2 ; p=0,021). Une rechute était plus souvent constaté dans le groupe Ro52+ lors de la décroissance ou à l’arrêt de la corticothérapie (p=0,041). Pour autant, la survie n’était pas différente (p=0,88).

Discussion

Si des études antérieures avaient déjà conclu à la plus grande sévérité du SAS en présence d’anti-Ro52/TRIM21, il ne semble pas y avoir d’associations néoplasiques dans cette étude aux anticorps anti-Ro52/TRIM21. En revanche, la plus grande sévérité de la dyspnée déjà rapportée, n’est pas en rapport avec une altération de la mécanique ventilatoire par le processus myopathique ou une pneumopathie infiltrative mais peut être expliquée par la fréquence de l’hypertension pulmonaire, avec la limitation que les résultats du cathétérisme cardiaque droit n’étaient pas toujours disponibles et il n’y avait pas d’association à des maladies auto-immunes pouvant induire une hypertension pulmonaire, comme la sclérodermie systémique.

Conclusion

Ces données suggèrent que les anticorps anti-Ro52/TRIM21 sont des marqueurs prédictifs de sévérité globale dans le SAS. La positivité des anticorps anti-Ro52/TRIM21 devrait conduire tout particulièrement au dépistage de l’hypertension pulmonaire en raison de l’association fréquente (OR=7,04 [1,5–66,8]) aux anti-Ro52/TRIM21 dans notre étude. Les patients Ro52+ semblent également devoir bénéficier d’une corticothérapie initiale à des doses plus élevées et d’un relais par un plus grand nombre d’immunosuppresseurs. Cela peut s’expliquer par la sévérité et le pronostic des patients avec SAS et anti-Ro52/TRIM21. Ces anticorps pourraient ainsi aider à mieux personnaliser le suivi des patients avec SAS.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

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Vol 38 - N° S1

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