Au cours de la tuberculose, un traitement mal conduit expose au risque de transmission et de développement de résistances. Peu d’études ont évalué les facteurs déterminants l’issue du traitement dans les pays de faible prévalence. L’objectif principal de ce travail est d’identifier les facteurs prédictifs de perte de vue des patients atteints de tuberculose maladie, définie par l’absence d’initiation de traitement ou l’interruption de celui-ci pendant 2 mois consécutifs ou plus.

Étude de cohorte rétrospective monocentrique menée de janvier 1997 à juin 2016 dans notre centre hospitalier chez tous les patients pris en charge pour une tuberculose maladie.

Au total, 206 patients ont été inclus. Un antécédent de tuberculose était rapporté chez 40 patients (19 %), une co-infection par le VIH chez 46 patients (22 %), une atteinte extrapulmonaire chez 113 patients (55 %), une tuberculose multi-résistante chez 16 patients (8 %). À l’issue du traitement, 33 patients (16 %) étaient perdus de vue. En analyse bivariée, les facteurs associés à la perte de vue étaient la présence d’un syndrome dépressif (OR : 2,38 ; IC95 % : 1,07–4,71 ; p=0,02), d’une dépendance à l’alcool (OR : 3,52 ; IC95 % : 1,59–7,80 ; p=0,002), d’un antécédent de tuberculose traitée (OR : 4,17 ; IC95 % : 1,94–8,99 ; p=0,0002), et l’absence d’atteinte extrapulmonaire (OR : 2,45 ; IC95 % : 1,15–5,21 ; p=0,02), alors que l’origine étrangère (OR : 0,37 ; IC95 % : 0,18–0,79 ; p=0,01), une co-infection par le VIH (OR : 0,09 ; IC95 % : 0,02–0,46 ; p=0,003) et l’exercice d’une profession (OR : 0,37 ; IC95 % : 0,15–0,92 ; p=0,03) étaient associés à un moindre risque de perte de vue. En analyse multivariée, l’origine française était indépendamment associée à un risque accru de perte de vue (OR : 3,1 ; IC95 % : 1,34–7,00 ; p=0,007) tandis que l’absence d’antécédent de tuberculose était indépendamment associée à un moindre risque de perte de vue (OR : 0,26 ; IC95 % : 0,11–0,61 ; p=0,003).

Dans notre cohorte, 16 % des patients étaient perdus de vue contre 9 % à l’échelle nationale selon les données de Santé Publique France. Identifier les patients à risque d’échapper au suivi pourrait permettre de déterminer quelles mesures correctrices mettre en place et pour qui les appliquer.