Depuis février 2016, nous avons mis en place au sein de notre établissement des antibiogrammes ciblés pour les examens cyto-bactériologiques des urines (ECBU). Chez l’homme, nous ne rendons que les molécules ayant une bonne diffusion prostatique.

L’objectif de notre étude est de voir si la mise en place de cet antibiogramme ciblé a eu un impact en terme de prescription antibiotique.

Notre étude compare 2 périodes : juillet-août-septembre 2015/2016 (antibiogramme ciblé non/oui). L’extraction des dossiers a été réalisée par le logiciel du laboratoire (SIR I2A). Les prescriptions ont été extraites à partir du logiciel patient DxCare^®. En 2015, l’antibiogramme était le même quel que soit le sexe, toutes les molécules testées étaient rendues : amoxicilline (AMX), amoxicilline acide clavulanique (AMC), mecillinam (MEC), cefixime (CFM), ceftriaxone (CRO), cefotaxime (CTX), ceftazidime (CAZ), imipeneme (IPM), gentaminicine (G), amikacine (AN), cotrimoxazole (SXT), acide nalidixique (NA), norfloxacine (NOR), ofloxacine (OFX), ciprofloxacine (CIP), fosfomycine (FF), furanes (F). Depuis 2016, les molécules testées sont les mêmes mais ne sont pas toutes rendues (cefepime remplace cefotaxime pour les enterobactéries du groupe 3). Pour l’homme, nous avons : CTX-G-AN-SXT-OFX. Les antibiogrammes décrits sont hors bactéries multi-résistantes (BMR). Le choix des molécules a été réalisé en concertation entre l’infectiologue et le bactériologiste. Il tient compte des antibiotiques reconnus critiques et des recommandations de la SPILF pour les infections urinaires.

Pour l’année 2015 : 104 ECBU sont répertoriés. Au total, 75 sont exploitables dont 50 patients traités. Après réévaluation selon l’antibiogramme (45 patients), les antibiotiques prescrits sont : CTX (2), CRO (5), CAZ (1), CFM (6), NOR (1), OFX (16), CIP (1), SXT (3), AMC (4), (TZP) (1), IPM (3) et AMX (2).

Pour l’année 2016 : 103 ECBU dont 60 exploitables et 40 traitements. Après réévaluation, les antibiotiques prescrits étaient : CTX (7), CRO (5), CFM (3), OFX (14), IPM (1), AMC (1), SXT (9). Les patients traités par IPM et TZP avaient des BMR. Pour 2016, AMC et CFM sont disponibles sur les antibiogrammes d’hémocultures, ce qui explique la disponibilité du résultat pour les infections bactériémiques.

La restriction du rendu des molécules a permis d’améliorer les prescriptions antibiotiques recommandées dans les infections urinaires masculines.

Cette étude montre l’intérêt de l’antibiogramme ciblé et son impact positif sur les prescriptions antibiotiques dans les infections urinaires masculines. En effet, notre but est multiple : favoriser l’usage de molécules à plus faible impact écologique, maîtriser le risque de sélection de résistances bactériennes (cefotaxime versus ceftriaxone, cefepime pour les enterobactéries du groupe 3) mais surtout une meilleure prise en charge du patient en orientant le prescripteur sur des molécules recommandées chez l’homme.