Département français depuis 2011, Mayotte a vu accroître sa population en raison d’un taux de fécondité élevé et d’une forte immigration en provenance des îles voisines. Sa situation géographique et la précarité des conditions de vie d’une majorité de sa population font de Mayotte une zone fortement exposée au risque de maladies infectieuses dont la tuberculose. L’île est proche de pays à forte incidence tuberculeuse. La vaccination par le BCG des nouveau-nés, avant la sortie de la maternité, y reste fortement recommandée. Un Centre de lutte antituberculeuse (Clat) a ouvert ses portes en 2009 à l’hôpital afin de structurer le suivi des patients et le dépistage autour des cas. L’objectif est d’établir le profil des patients tuberculeux pris en charge au Clat de 2010 à 2015 et le dépistage, le traitement et le suivi des sujets-contacts (SC).

Étude rétrospective observationnelle sur la période 2010–2015 des 2 populations suivies par le Clat : les patients et les SC identifiés autour des cas.

Sur la période étudiée, 217 cas de tuberculose ont été pris en charge par le Clat : 39 % sont des femmes et 61 % des hommes, 12 % des cas pédiatriques et 41 % sont nés à Mayotte. Parmi ces patients : 95 % ont une forme pulmonaire, 42 % sont bacillifères, 4 présentent une tuberculose vertébrale (mal de Pott) et 14 sont décédés. Le Clat n’a pu obtenir d’information sur le suivi de traitement pour 24 d’entre eux. Les enquêtes ont identifié 1853 SC (8,6/cas index). Parmi eux, 13 cas secondaires et 312 infections tuberculeuses latentes ont été diagnostiqués. Une nette augmentation est observée en 2015 avec 60 nouveaux cas (86,7 % de nationalité étrangère).

Depuis sa création, le Clat de Mayotte montre son efficacité dans le traitement et le suivi des patients grâce à une totale conformité vis-à-vis des recommandations nationales et à l’ensemble des moyens mis en œuvre pour optimiser le suivi et l’observance thérapeutique. Dépistage, traitement et suivi des SC sont corrects mais l’exhaustivité des enquêtes et des SC explorés doit être améliorée. L’incidence de la tuberculose demeure élevée à Mayotte avec une augmentation des cas depuis 2013 (28,3/10⁵ en 2015). C’est essentiellement vers les migrants sanitaires, à risque élevé de tuberculose et ayant un accès difficile aux soins, que le Clat doit renforcer ses actions, notamment en matière de dépistage et en collaboration avec les autres acteurs de la lutte antituberculeuse. La collaboration sanitaire avec les îles voisines est actuellement à l’état embryonnaire et doit être développée.