Intervenir dès les signalements : analyses victimologiques du protocole interpartenarial de lutte contre les situations de violence conjugale (France) - 25/07/17
First records of violence and intervention strategies: An interpartner's protocol (ADAVIP37) and victimological analyses of domestic violence (France)
Cet article a été publié dans un numéro de la revue, cliquez ici pour y accéder
Résumé |
Objectif |
La détection et la prise en charge socio-judiciaire et psychothérapeutique des victimes de violences conjugales s’avèrent être au quotidien une action difficile tant pour les victimes que pour les intervenants. Nous avons analysé un protocole d’action original qui prend en charge les cas des victimes se signalant tout en refusant de déposer plainte. Via ce protocole des premiers signalements, nous avons cherché à déterminer des typologies tant des victimes que des auteurs et des moyens d’accès à ces publics vulnérables.
Méthode et Matériel |
Notre recherche est effectuée avec la collaboration du service d’aide aux victimes et la gendarmerie du département d’Indre-et-Loire (37). À partir des 34 questionnaires-victimes issues du protocole et des échanges réalisées entre les victimes et les institutions, nous avons réalisé des analyses quantitatives (i) et qualitatives (ii). (i) Nos analyses statistiques fréquentielles interrogent tant le portrait générique des victimes et des auteurs que le portrait typologique des victimisations auxquelles ces victimes sont confrontées (aspects de socio-démographie, de vulnérabilité, de mode opératoire, et d’emprise physique, psychique et sociale). (ii) Nos résultats qualitatifs approfondissent l’approche quantitative issue des questionnaires en les joignant aux constats du gendarme référent et aux entretiens réalisés avec l’ADAVIP37. À travers l’étude des discours des victimes, nous présentons six dimensions victimologiques au sein des premiers signalements.
Résultats |
Nos analyses quantitatives établissent plusieurs typologies (de victimes, d’auteurs et de victimisations). D’un point de vue victimologique, les victimes sont essentiellement des femmes, mères, de 35 à 44 ans, vivant avec leur partenaire au moment des faits. Elles déclarent subir des violences verbales associées à d’autres formes de violence (psychologiques, économiques, physiques, sexuelles), tout en estimant ne pas être vulnérables, et sans recours à un soutien médical, social, civil ou judiciaire. Les analyses qualitatives élaborent six dimensions victimologiques relevant de problématiques spécifiques. Les trois dimensions victimologiques perceptibles par les services d’accompagnement présentent les vignettes cliniques d’un cas prototypique de femme violentée, ne signalant que des gifles et refusant toute action (i), d’un cas d’emprise psychologique refusant la plainte mais envisageant la séparation (ii), et d’un cas de victimisations multiples subies pendant et après la séparation et désirant porter plainte (iii). Ces trois cas illustrent des profils de victimes au sein du long parcours menant à la plainte judiciaire. Les trois dimensions victimologiques davantage problématiques pour l’intervenant concernent un cas de légitimation des violences par la victime et refusant donc toute poursuite du conjoint (i), d’un cas particulier du genre et d’une victime masculine (ii), et d’un cas de révélation des victimisations sexuelles après un second signalement (iii).
Conclusion |
Ayant affaire à un public vulnérable réticent à signaler les faits, les acteurs de terrain trouveront dans nos analyses des indicateurs pour faciliter la détection et la prise en charge des premiers signalements de violence conjugale.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Abstract |
Objective |
The detection and socio-judicial or psychotherapeutic care for victims of domestic violence appears to be a difficult daily work for both victims and professionals. We analyzed an experimental protocol that presents the case of victims reporting first but refusing afterwards to file a complaint. Via the records of the first reports, we sought to determine the types of the demand of both victims and perpetrators and to find out how to help these vulnerable groups.
Method and Materials |
Our research is conducted in collaboration with the service for victims and the police in the French department Indre and Loire. The 34 questionnaires submitted to the victims of the protocol and the different interviews with victims and institutions have been analyzed with quantitative (i) and qualitative clinical (ii) methods. (i) The statistical frequency analysis questions the generic portrait of victims and perpetrators on the one hand and the typological portrait of victimization process that these victims face (aspects of socio-demographic vulnerability process and physical, psychological and social influence) on the other. (ii) The qualitative results deepen the quantitative approach based on questionnaires by referring to the findings of the police and interviews with ADAVIP37. A discourse analysis allowed differentiation of six dimensions of victimization within the first reports.
Results |
Quantitative statistical analyzes establish several types (of victims, perpetrators and victimization). From a typological point of view, victims are mostly mothers or women, 35 to 44 years old, living with their partner at the time. They report having experienced verbal abuse associated with other forms of violence (psychological, economic, physical, sexual), but felt not to be vulnerable and had no recourse to medical, social, civil or judicial help. The qualitative analyzes develop six dimensions with specific issues. The three portraits of victims perceived by the support services are clinical vignettes of a prototypical case of battered woman, reporting only slaps and refusing any action (i), a case of psychological hold denying the complaint but considering separation (ii), and a case of multiple victimization suffered during and after separation and wishing complaint (iii). These three cases illustrate profiles of victims in the long path leading to the legal complaint. Three other dimensions are more problematic for the intervener and concern: a case of legitimized violence by the victim who refuses than any further spouse (i), a particular gender case with an example of a male victim (ii), and a case of sexual victimization revealed only in a second time or report (iii).
Conclusion |
Confronted with a vulnerable public who hesitates to report suffered violence, professionals will find in these analyses some indicators to facilitate the detection and adapt the treatment after the first reports of domestic violence.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Criminologie, Modèle, Passage à l’acte, Profil psychologique, Psychopathologie, Sujet
Keywords : Acting out, Criminology, Modeling, Psychological profile, Psychopathology, Topic
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