Microscopie confocale et pathologies de la surface oculaire : corrélations anatomo-cliniques - 08/03/08
Microscopie confocale et pathologies de la surface oculaire : corrélations anatomo-cliniques |
Objectifs : Étudier la précision anatomo-clinique des atteintes épithéliales cornéo-conjonctivales au cours de diverses pathologies de la surface oculaire analysées in vivo à l’aided’un microscope confocal de nouvelle génération (Heidelberg Retina Tomograph II [HRT] Rostock Cornea Module), et comparer ces résultats avec ceux obtenus en immunocytochimie sur empreinte cornéenne ou conjonctivale.
Patients et méthodes : Trente-six yeux de 18 patients, présentant des pathologies de la surface oculaire diagnostiquées cliniquement, ont été examinés : épithéliopathie cornéenne secondaire à une rosacée oculaire (5 patients) ; syndromes secs par déficit lacrymal dans le cadre d’un syndrome de Gougerot-Sjögren (5 patients), ou par hyperévaporation secondaire à un dysfonctionnement meibomien (8 patients). Les 18 patients ont bénéficié d’une étude au biomicroscope, au microscope confocal puis d’une empreinte cornéenne et/ou conjonctivale réalisée sur le même site d’examen. Les paramètres au cours de cette étude ont inclus au niveau cornéen et conjonctival : la morphologie épithéliale à l’échelle cellulaire ; la densité en cellules à mucus et leur éventuelle présence dans l’épithélium cornéen ou au limbe ; la présence et la densité de cellules inflammatoires.
Résultats : Le microscope confocal a permis de réaliser in vivo des coupes optiques de haute résolution de toute la surface oculaire. Cet examen a objectivé, à une échelle cellulaire, les modifications importantes de la surface oculaire lors des kératoconjonctivites sèches, confirmant la perte en cellules à mucus, la métaplasie squameuse épithéliale, les infiltrations de cellules inflammatoires et, même dans certains cas, l’aspect de « snake-like chromatin » décrit jusqu’alors uniquement en histologie. Au cours des épithéliopathies cornéennes secondaires à une rosacée oculaire, la conjonctivalisation de la couche cornéenne épithéliale pouvait être bien identifiée avec la présence de cellules à mucus et de cellules morphologiquement proches de l’épithélium conjonctival envahissant un épithélium cornéen métaplasique. L’analyse comparative entre les images obtenues in vivo avec cet appareil et in vitro par immunocytochimie sur empreinte cornéo-conjonctivale a mis en évidence une excellente corrélation anatomo-clinique dans chaque cas.
Conclusion : La microscopie confocale HRT II in vivo permet l’étude précise de la cornée centrale, du limbe et de la conjonctive, contrairement aux premières générations d’appareils. Les images réalisées avec cet examen dans le cadre des pathologies de la surface oculaire présentent une excellente corrélation anatomo-clinique. Ce strict reflet de l’architecture cellulaire, démontré in vitro sur empreintes cornéo-conjonctivales, valide la qualité de résolution du microscope confocal et confirme le potentiel extrêmement prometteur de cette nouvelle technique d’exploration.
In vivo confocal microscopy and ocular surface diseases: anatomical-clinical correlations |
Purpose: To describe corneal and conjunctival epithelial changes in various ocular surface disorders with a new in vivo confocal microscope (Corneal HRT II module) and to compare these results with those obtained by immunohistology on impression cytology specimens.
Methods: In this study, we investigated 36 eyes of 18 patients with ocular surface diseases such as corneal epitheliopathy induced by ocular rosacea (five patients), keratoconjunctivitis sicca related to tear evaporative condition in Meibomian gland dysfunction (eight patients), or tear-deficient dry eye in Sjögren’s syndrome (five patients). In vivo confocal microscopy imaging (Heidelberg Retina Tomograph II Rostock Cornea Module) and impression cytology of the cornea and/or conjunctiva were performed. The images were analyzed for epithelial cell morphology at nuclear and cytoplasmic levels, in the cornea and the conjunctiva, number of goblet cells and their possible presence within the corneal epithelium, corneoconjunctival junction at the limbus, and density and presence of inflammatory cells within both epithelia.
Results: Images obtained consisted of two-dimensional 400×400µm optical sections oriented parallel to the surface of the eye and compared with impression cytology. Conjunctival and corneal epithelia showed dramatic changes in ocular surface disease. In keratoconjunctivitis sicca, we found squamous metaplasia, inflammatory cell infiltration, goblet cell depletion, as well as a nuclear snake-like chromatin pattern. In rosacea associated with corneal epitheliopathy, a corneal conjunctivalization (goblet cells together with conjunctival epithelial cells within the corneal epithelium layer) was found. The images provided by this technique are in excellent correlation with the findings using impression cytology.
Conclusion: The HRT II in vivo confocal microscope facilitates the study of both central and peripheral ocular surface epithelia compared to first-generation confocal microscopy devices. In vivo confocal microscopy, showing corneal and conjunctival epithelial structures in the live eye at the cellular level, is likely to open up a new promising way to investigate ocular surface involvement in complex diseases, providing a new insight on corneal and conjunctival disorders in the future.
Mots clés :
Microscopie confocale
,
empreintes conjonctivales
,
kératoconjonctivite sèche
,
rosacée oculaire
,
déficit en cellules souches limbiques
Keywords: Confocal microscopy , HRT , impression cytology , keratoconjunctivitis sicca , ocular rosacea , stem cell deficiency
Plan
© 2005 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Vol 28 - N° 7
P. 691-698 - septembre 2005 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.