Influence d’un diagnostic de cancer sur l’évolution de l’alimentation, selon le statut socioéconomique : résultats de l’étude de cohorte e3n - 06/09/17
Résumé |
Introduction et but de l’étude |
Le World Cancer Research Fund (WCRF) a établi des recommandations nutritionnelles destinées à la prévention primaire et tertiaire des cancers mais peu de données de la littérature permettent de savoir si elles sont suivies. Le but de cette étude a été d’évaluer l’impact d’un diagnostic de cancer sur l’évolution à long terme de l’alimentation chez des femmes de l’étude E3N, et d’évaluer comment l’environnement socioéconomique intervenait dans cette relation.
Matériel et méthodes |
Un total de 55 223 femmes issues de la cohorte E3N a été inclus. Elles ont toutes répondu à un questionnaire de fréquence alimentaire en 1993 et 2005, ce qui nous a permis d’estimer des apports alimentaires quotidiens moyens aux deux temps. Des données socioéconomiques à l’échelle individuelle (niveau d’éducation, nombre d’enfants, activité professionnelle, revenus) et contextuelle (zone d’habitation, indice de défaveur social de la zone de résidence-FDep99) ont également été utilisées. Entre 1993 et 2005, 3678 femmes ont été diagnostiquées d’un cancer. Des modèles de régression linéaire ont été utilisés pour évaluer si le diagnostic de cancer avait un impact sur l’évolution des apports alimentaires. Les analyses ont été stratifiées par groupe socioéconomique et les modèles ont été ajustés sur l’âge, l’indice de masse corporelle, l’activité physique, les apports des différents groupes alimentaires en 1993 et le temps écoulé entre le premier questionnaire de fréquence alimentaire et la survenue du cancer.
Résultats |
Après survenue d’un cancer, les femmes augmentaient plus leur consommation de fruits que celles n’ayant pas eu de cancer lorsqu’elles avaient un niveau d’éducation élevé (+0,24 portions ; p=0,02) ; avaient eu trois enfants ou plus (+0,30 portions ; p=0,01) ; n’avaient pas d’activité professionnelle (femmes n’ayant jamais travaillé ou à la retraite) (+0,13 portions ; p=0,002) ; ou avaient de hauts revenus (+0,28 portions ; p=0,005). Pour ce qui est de l’environnement socioéconomique contextuel, après survenue d’un cancer, les femmes augmentaient plus leur consommation de fruits que celles n’ayant pas eu de cancer lorsqu’elles vivaient dans le sud de la France (+0,30 portions ; p=0,008) ; vivaient dans l’ouest (+0,42 portions ; p=0,04) ou dans des zones peu défavorisées (+0,23 portions ; p=0,04).
Conclusion |
Nous avons observé que seules les femmes de statut socioéconomique élevé modifiaient favorablement leur alimentation suite à la survenue de cancer mais seule leur consommation en fruits était augmentée, ce qui suggère la nécessité de mieux diffuser les messages de prévention après cancer, avec une attention particulière pour les milieux moins favorisés. Les recommandations nutritionnelles liées aux cancers auraient besoin d’être modulées selon l’environnement socioéconomique des populations. Il est également primordial de poursuivre à communiquer sur l’importance d’adopter une alimentation saine en prévention primaire et tertiaire des cancers.
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Vol 31 - N° 3
P. 245 - septembre 2017 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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