Le Guatemala, pays d’Amérique centrale, souffre d’une des prévalences les plus élevées, au niveau mondial, de retard de croissance. En effet, un enfant sur deux en est touché (Z-TPA<−2) dont plus de 20 % par une forme sévère (Z-TPA<−3). De par son aspect intergénérationnel et ses conséquences difficilement réversibles, ce retard de croissance impacte négativement sur de nombreux déterminants de la santé et, à plus grande échelle, sur le développement du pays tout entier. L’étude réalisée au sein de communautés rurales indigènes guatémaltèques s’est focalisée sur la population incluse au sein du projet nutritionnel de l’ONG Primeros Pasos. Elle a pour objectif de déterminer la prévalence de la malnutrition chronique sévère (MNCS) ainsi que les déterminants y étant associés chez les enfants de 6 à 59 mois.

Cette étude, transversale descriptive, a porté sur 41 couples mères-enfant (6 à 59 mois). Les données ont été récoltées par le biais d’un questionnaire structuré. Les statistiques descriptives usuelles ont été utilisées pour décrire l’échantillon. L’analyse univariée de la proportion de MNC en fonction des facteurs de risque potentiels (variables indépendantes) a été effectuée à l’aide du test CHI² de Pearson. Le test t de Student, pour les variables quantitatives, a servi à comparer les moyennes des deux groupes. La variable dépendante est la MNCS (Z-TPA<−3). Les variables indépendantes ou explicatives reprennent les caractéristiques des mères, les antécédents de malnutrition, le niveau socio-économique, la sécurité alimentaire au sein du ménage, les pratiques alimentaires ainsi que la présence d’une maladie chez l’enfant endéans les trois mois de l’enquête et enfin les connaissances des mères en matière de nutrition et d’hygiène.

Les résultats montrent une prévalence considérablement élevée de MNCS (39 % Z-TPA<−3). La présence d’antécédents de malnutrition maternelle ou au sein de la fratrie (p=0,03) ainsi que d’une insécurité alimentaire au sein du ménage (p=0,01) ont été statistiquement corrélés avec la MNCS. L’analyse par un modèle de régression linéaire a révélé que la petite taille de la mère (<145cm) était significativement associée à la MNCS (r=0,49, p=0,001). Cependant, même en l’absence d’association statistiquement significative, la présence d’épisodes infectieux, d’un faible diversité alimentaire ainsi que l’absence d’eau courante au sein du ménage tendent à augmenter la prévalence de retard de croissance.

L’étude révèle que les cas de malnutrition ont tendance à être enregistrés principalement au sein des mêmes familles. Ce constat met en jeu des problèmes fondamentaux de disponibilité alimentaire comme le confirme l’insécurité alimentaire, associée à la MNCS. Le régime alimentaire peu diversifié souligne également que l’alimentation des enfants n’est pas assez variée pour leur garantir une nutrition de qualité. Des mesures doivent être prises afin de rendre l’environnement plus propice à l’amélioration de la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Par ailleurs, la mise en évidence d’une association entre la MNCS et la petite taille maternelle confirme le cycle intergénérationnel de celle-ci. Cette problématique ne peut se résoudre qu’au moyen d’actions intersectorielles larges visant ses causes et déterminants. Dans ce cadre, les actions de promotion de la santé devraient être renforcées par l’ONG Primeros Pasos et les partenaires. Ceci en vue d’amener les communautés à adopter des comportements nutritionnels et d’hygiène adéquate en phase préconceptuelle, pendant la grossesse ainsi que particulièrement durant les deux premières années de vie de l’enfant. La mise en évidence de cette problématique mériterait la réalisation d’études complémentaires ainsi qu’un diagnostic situationnel complet afin de prendre en charge, de façon efficiente, cette problématique régnant au sein de la vallée.