Les progrès de la médecine et particulièrement dans le domaine des urgences, de la réanimation, de la neurologie et de la neurochirurgie permettent le maintien en vie d’un nombre croissant de personnes atteintes de lésions cérébrales graves. Les personnes en état végétatif chronique ne survivent que grâce à des soins de nursing, un accompagnement et parce qu’une suppléance vitale leur est apportée sous forme d’une alimentation et d’une hydratation artificielles. La question de la poursuite ou de l’arrêt, de la mise en œuvre ou non d’une alimentation artificielle est donc essentielle. Certes, l’analyse de la littérature médicale sur ce sujet est révélatrice de la richesse du débat d’idée très sensible. Pourtant, cette question a été explorée de façon parcellaire, souvent non rigoureuse ; il est vrai qu’elle se prête mal aux méthodes scientifiques d’évaluation et à l’élaboration d’un référentiel basé sur les données de l’evidence-based medicine. Après avoir défini les notions d’état végétatif chronique et d’état paucirelationnel, après avoir abordé les questions préalables d’ordre moral, philosophique et politique (la question de la définition de la vie, du sens d’une vie sans conscience ; la question du sens des traitements, du devoir des soignants et des droits de la personne devenue incapable d’exprimer sa volonté), cet article relate ce qui, dans la littérature médicale sur le sujet, permet d’aborder la réponse à plusieurs questions complexes : quel est le « statut » de l’alimentation et de l’hydratation : est-ce un soin ou un traitement ? Quelle représentation avons-nous de l’alimentation et de l’hydratation, de son arrêt éventuel dans ces situations ? Que savons nous de ce qui se produit lorsque alimentation et hydratation sont arrêtées ? Est-il légitime d’associer une sédation à l’arrêt de l’alimentation et l’hydratation ? Qu’est-ce qui peut fonder une décision de maintien, de limitation ou d’arrêt de l’alimentation et de l’hydratation chez des patients en EVC ?

Progress in medicine and particularly in emergency medicine, intensive care, neurology and neurosurgery have enabled sustained life in an increasing number of patients with serious brain injuries. The life of persons who are in a chronic vegetative state is sustained by artificial nutrition and hydration. The question of whether these life-sustaining support systems should be continued or not is thus crucial. An analysis of the medical literature on the subject highlights the richness of the debate on this highly sensitive issue. The question has, however, been examined only partially and in many cases without sufficient rigor. It is true that the issue does not easily fit into the strict scientific structure required by evidence-based medicine. After having defined the notion of chronic vegetative state and the paucirelational status as well as the moral, philosophical and political issues involved (definition of life, meaning of life without consciousness, the sense of treatment, caregiver duties, rights of persons unable to express their will), this article discusses the information in the medical literature, which can be used to respond to several complex questions: what is the “status” of nutrition and hydration: care or treatment? What is our representation of nutrition and hydration, and eventual discontinuation in this context? It is licit to associate sedation with discontinuation of nutrition and hydration? What can be a basis for decision making concerning the limitation or interruption of nutrition and hydration for persons in the chronic vegetative state.