L’hémophilie acquise : un « vrai » syndrome para-néoplasique ? - 15/11/17
Résumé |
Introduction |
L’hémophilie acquise (HA) est une maladie auto-immune liée à un anticorps agissant contre le facteur VIII. Cette pathologie rare peut être primitive ou associée à d’autres pathologies dont certaines maladies auto immunes ou des cancers. Nous rapportons une série de cas de patients présentant une hémophilie acquise.
Patients et méthodes |
Nous avons réalisé une étude rétrospective monocentrique dans un centre hospitalier universitaire entre 2010 et 2015. Les cas ont été récupérés à partir des dosages positifs d’anticorps anti-FVIII (AcFVIII). Les données pertinentes ont été récupérées à partir du dossier médical. L’hémorragie est considérée comme sévère si elle était associée à un état de choc, une perte de plus de 2 points d’hémoglobine ou une localisation sévère (intracérébrale). La rémission complète (RC) correspond à une activité du FVIII (ActiFVIII)>70 % avec un AcFVIII indosable chez un patient n’ayant plus de traitement immunosuppresseur. Les variables quantitatives sont exprimées en médiane (avec les valeurs extrêmes).
Résultats |
Entre 2010 et 2015, 9 patients ont été inclus, dont 2 femmes et 5 hommes. L’âge médian était de 67ans (38–87). Aucune étiologie n’a été retrouvée chez 4 patients, 4 patients présentaient une néoplasie (2 avec un cancer vésical, 1 avec un gliobalstome cérébral et 1 avec un lymphome du manteau) et une patiente a développée l’HA en post-partum. Le diagnostic d’HA s’est fait de manière concomitante au cancer chez 2 patients (cancer de la vessie). Chez un patient, l’HA a été diagnostiqué en même temps qu’une rechute de lymphome du manteau. Et pour le dernier, la récidive de l’HA et d’une tumeur intracérébrale de haut grade a été diagnostiquée dans le même temps après un intervalle de rémission de 4ans pour l’HA et de 7ans pour le cancer. L’ActiFVIII médiane était de 2 % (<1–14) et l’AcFVIII de 68 unités Bethesda (1,6–288). Tous les patients ont présenté un saignement sévère au diagnostic. Un traitement hémostatique a été utilisé chez 6 patients dont 3 des facteurs de coagulation court-circuitant l’inhibiteur du facteur VIII et 3 du facteur VII recombinant activé. Quatre patients ont présentés plus de 1 saignement avec un délai maximum entre le saignement et le diagnostic de 513jours. Tous les patients ont reçus des corticoïdes à la dose de 1mg/kg/j. Cinq patients ont reçu un traitement associé : 1 patient des immunoglobulines intraveineuse puis du rituximab, 3 autres du rituximab seul et 1 du cyclophosphamide. Sur 8 patients analysés avec une durée médiane de suivi de 293jours, 4 patients étaient en RC avec un délai médian de 242jours (68–758), 1 avait un AcFVIII négatif sous traitement, 3 avaient une actiFVIII>70 % mais avec un AcFVIII positif malgré le traitement. Durant le suivi, 2 patients sont décédés, 1 d’hémorragie cérébrale et l’autre des complications d’un accident vasculaire ischémique faisant suite à l’utilisation des facteurs de coagulation court-circuitant l’inhibiteur du facteur VIII dans un contexte de cancer évolutif. Deux patients ont rechuté après une RC avec une réponse partielle aux traitements.
Discussion |
Dans la littérature, les cancers ne sont associés que dans 11 à 16 % des cas d’HA. Il reste incertain que l’HA soit un réel syndrome para-néoplasique. En effet, les deux pathologies présentent souvent une évolution indépendante. Dans notre série, 2 cas ont présenté une HA dans un contexte de rechute de leur néoplasie et 2 en même temps que le diagnostic de cancer. Cette concordance temporelle notamment concernant les rechutes plaiderait pour une origine para néoplasique.
Conclusion |
L’apparition d’une HA chez un patient aux antécédents de cancer doit faire éliminer une évolution néoplasique.
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Vol 37 - N° S2
P. A190-A191 - décembre 2016 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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