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Différenciation des plasmocytes dans la rate en plasmocytes de longue durée de vie dans le contexte de déplétion B chez le modèle murin AID-Cre-EYFP - 15/11/17

Doi : 10.1016/j.revmed.2016.10.033 
L.H. Thai 1, , A. Robbins 2, S. Legallou 2, N. Cagnard 3, J. Mégret 4, J.C. Weill 2, C.A. Reynaud 2, M. Mahévas 5
1 Médecine interne, hôpital Henri-Mondor, AP–HP, Créteil cedex 
2 Inserm u1151-équipe 12 « développement du système immunitaire », institut Necker–Enfants-Malades, université Paris Descartes, Paris 
3 Plateforme bio-informatique Paris Descartes, institut imagine, hôpital Necker–Enfants-Malades, Paris 
4 Plateforme de cytométrie en flux, structure fédérative de recherche Necker, Paris 
5 Médecine interne, hôpital Henri-Mondor, Créteil 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

L’anticorps (Ac) monoclonal anti-CD20 (rituximab) est largement utilisé dans le traitement des maladies auto-immunes, avec pourtant des résultats hétérogènes selon les indications, voire même décevants au cours du lupus. De précédentes études au cours du purpura thrombopénique immunologique (PTI) et de l’anémie hémolytique auto-immune (AHAI) ont suggéré que l’Ac anti-CD20 induisait de façon paradoxale la différenciation des plasmocytes (PC) de la rate en plasmocytes de longue durée de vie (PLDV), proches des plasmocytes de longue vie naturels de la moelle osseuse. Certains de ces PLDV sont auto-réactifs, pouvant expliquer l’échec au rituximab et le succès de la splénectomie. Nous avons souhaité explorer les mécanismes qui sous-tendent ce processus de différenciation plasmocytaire paradoxale dans un modèle murin. Pour ce faire, nous avons utilisé le modèle de souris transgénique AID-Cre-ERT2×Rosa26-loxP-EYFP qui permet de marquer irréversiblement par la protéine EYFP les cellules B lors de leur passage dans un centre germinatif au cours d’une réponse immune après injection de tamoxifène, puis de les suivre in vivo. Les plasmocytes EYFP ont été générés suite à 2 immunisations avec des globules rouges de mouton. Grâce à ce modèle, nous avons pu identifier les PC avec les seuls marqueurs EYFP+B220−, sans nécessité des autres marqueurs tels que le CD138 dont l’expression est hétérogène au niveau de la rate.

Résultats

Dans un premier temps, nous avons réalisé une analyse transcriptomique des PC EYFP+ de la rate dits « matures » car analysés plusieurs mois après immunisation. Nous les avons comparés aux PC EYFP+ nouvellement générés de la rate, analysés 6jours après une 3e immunisation. Parmi les 224 gènes surexprimés (fold>4, p<0,05) par les PC matures, nous avons identifié des facteurs anti-apoptotiques (Tnfaip3, Bcl2), des facteurs de transcription (Nfkb2, Runx2, Tox2), des récepteurs membranaires (Tnfrsf17, IcosL) et de nombreux gènes impliqués dans le métabolisme cellulaire (Mt2, Anxa2, Cox15, Atp1b1).

Nous avons ensuite analysé le programme des PC EYFP+ par RT-PCR multiplex sur cellules uniques. À partir des données de notre transcriptome, et complétées avec les données de la littérature, nous avons sélectionné des gènes permettant d’établir les signatures plasmablastiques (Chek1, Bcl2l11, CXCR3, Mki67, Bub1, Aurka, Ccnd2 et Rrm2b) et plasmocytaires (Tnfaip3, Bcl2, Runx2, Nfkb2, Tox2, Mt2, Tesc, PerP, Tnfrsf17, Tmem176b, Fos et Klf6). Nous avons comparé le programme des PC EYFP+ de la rate de souris traitées par anti-CD20 à celui des plasmablastes EYFP+ (analysés 3jours après une 3e immunisation), des PC EYFP+ de rates contrôles générés de la même façon et analysés au même temps que les PC EYFP+ des souris traitées par anti-CD20 et des PC EYFP+ de la moelle osseuse. Les souris traitées par anti-CD20 (3 injections) avaient un taux résiduel de cellules B dans la rate de l’ordre de 2 % au nadir de la déplétion B, soit à j50 de la première injection d’anti-CD20. Par cette analyse, nous avons pu établir des différences claires entre le programme des PC anti-CD20 et celui des PC de la rate des souris contrôles. Les PC contrôles de la rate présentent un profil intermédiaire, n’exprimant quasiment plus de gènes de prolifération mais un petit nombre de gènes de plasmocytes de longue vie par cellule individuelle ; les PC de la rate des souris traitées par anti-CD20 composent par contre une population homogène exprimant de nombreux gènes de PC, se rapprochant du programme des PLDV de la moelle osseuse. Non seulement le nombre de PC EYFP+ ne diminue pas de façon significative dans la rate avec le traitement anti-CD20, mais surtout le programme diffère clairement entre les 2 populations. Ces résultats signifient que le traitement anti-CD20 induit un processus de maturation plasmocytaire dans la rate et non une sélection de PLDV préexistants.

Conclusion

En conclusion, nos données suggèrent que la différenciation paradoxale plasmocytaire avec le traitement anti-CD20 est un mécanisme général, que ce soit chez l’homme ou chez la souris. Comprendre les mécanismes qui sous-tendent ce processus est donc un enjeu capital pour interférer sur la différenciation plasmocytaire et tenter d’obtenir de meilleures réponses cliniques avec le traitement anti-CD20 au cours des maladies auto-immunes chez l’homme.

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Vol 37 - N° S2

P. A76-A77 - décembre 2016 Retour au numéro
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  • La cytokine BAFF et les cellules T CD4+ sont des facteurs de survie majeurs pour les plasmocytes spléniques dans le contexte de déplétion B chez la souris AID-Cre-EYFP. Implications thérapeutiques pour les maladies auto-immunes
  • L.H. Thai, A. Robbins, S. Legallou, N. Cagnard, J. Mégret, J.C. Weill, C.A. Reynaud, M. Mahévas
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