Les exercices de forte intensité accroissent la performance cognitive et réduisent les niveaux de MMP chez les personnes atteintes de sclérose en plaques - 23/11/17
Résumé |
Introduction |
Les personnes atteintes de sclérose en plaques présentent fréquemment un déclin de performances cognitives. De l’avis d’individus plus âgés en bonne santé, la pratique régulière d’exercices aérobies induit des effets bénéfiques sur les adaptations structurelles et fonctionnelles du système nerveux central et sur les performances cognitives. Le but principal de cette étude était d’évaluer l’influence d’un programme d’exercices aérobies de grande intensité de trois semaines sur les performances cognitives des personnes atteintes de sclérose en plaques en comparaison avec un programme d’exercices standards à intensité modérée.
Méthode |
Les auteurs ont mené une étude randomisée à pôle unique pendant la réadaptation de patients hospitalisés à la Clinique Valens (Suisse) (échelle étendue d’invalidité : 1,0–6,5). Les affectations et les analyses de laboratoire ont été effectuées à l’insu des patients et des intervenants. Des évaluations ont été réalisées à l’entrée (t0) et à la sortie (t1). Le paramètre d’évaluation principal était la performance évaluée par le Brief International Cognitive Assessment for Multiple Sclerosis (BICAMS). La batterie de tests BICAMS implique trois tests qui évaluent les principaux domaines cognitifs vulnérables à la sclérose en plaques : vitesse de traitement de l’information, mémoire verbale et visuelle. La batterie comprend le Symbol Digit Modalities Test (SDMT), le Californian Verbal Learning Test-II (CVLT-II) et le Brief Visuospatial Memory Test-revised (BVMT-R). Des versions parallèles ont été utilisées pour toutes les évaluations neuropsychologiques à t0 et t1. D’autres évaluations neuropsychologiques comprenaient le Trail making pencil test (TMT-A/B) et les tâches « Va/Ne vas pas » de la batterie Test de performance de l’attention (TAP). De plus, le fitness cardiorespiratoire et les biomarqueurs [Facteur neurotrophique dérivé du cerveau (BDNF), sérotonine, matrice-métalloprotéine-2 (MMP-2) et MMP-9] ont été mesurés. Le groupe d’exercices aérobies de grande intensité s’est exercé 3 fois par semaines pendant 20minutes, y compris 5 intervalles d’exercice de 3minutes à 80 % de VO2pic et 90 secondes de pause, alors que le groupe d’exercices standards à intensité modérée s’est exercé continuellement 5 fois par semaine à raison de 30minutes par séance à 65 % de VO2pic. Cette étude a été enregistrée dans ClinicalTrials.gov (NCT02571335).
Résultats |
En comparant le groupe des paramètres principaux, l’ANOVA ne révèle pas de différences entre le groupe d’exercices aérobies de grande intensité et le groupe d’exercices standards à intensité modérée. À la vue de l’interaction des effets (temps x groupe), l’ANOVA montre des différences significatives pour la mémoire verbale, le fitness cardiorespiratoire (VO2 peak) et les niveaux de sérum MMP-2. La vitesse de traitement (p=0,001), la flexibilité cognitive par tâche (p<0,001), l’inhibition de réponse (p=0,002) et le fitness cardiorespiratoire présentent des améliorations significatives sur la durée (effets temps). Une analyse d’effet simple subséquente sur l’interaction d’effets montre que la mémoire verbale s’améliore considérablement dans le groupe d’exercices aérobies de grande intensité (p=0,046, IC 95 % : −6,319 ; −0,51), alors qu’aucune modification ne survient dans le groupe d’exercices standards à intensité modérée (p=0,316, IC 95 % : −1,473 ; 4,473). Le fitness cardiorespiratoire augmente considérablement dans les deux groupes (exercices aérobies de grande intensité : p<0,001, IC 95 % : −4,096 ; −2,002 ; exercices standards à intensité modérée : p=0,006, IC 95 % : −2,394 ; −426) mais l’augmentation est considérablement plus importante dans le groupe d’exercices aérobies de grande intensité. Les niveaux de sérum MMP-2 diminuent beaucoup dans le groupe d’exercices aérobies de grande intensité (p=0,009, IC 95 % : 5,336 ; 36,587), alors qu’aucune modification n’apparaît dans le groupe d’exercices standards à intensité modérée (p=0,305, IC 95 % : −22,470 ; 7,169).
Conclusions |
Ces résultats suggèrent que les exercices aérobies de grande intensité représentent une stratégie efficace en termes de temps afin d’améliorer la mémoire verbale et le fitness physique chez les patients atteints de sclérose en plaques. De plus, les altérations des niveaux de sérum MMP-2 suggèrent que les exercices aérobies intenses peuvent avoir un effet sur les paramètres physiologiques impliqués dans la pathogenèse de la sclérose en plaques.
Signification |
Les résultats montrent les effets positifs de l’exercice aérobie intense sur la mémoire verbale par comparaison avec un exercice aérobie d’intensité faible à modérée. De plus, l’étude comprend des informations sur les diminutions induites par l’exercice dans les biomarqueurs MMP-2 associés à la sclérose en plaques. Si l’on compare avec les programmes d’exercices standards, l’entraînement à intervalles intense est plus rapide (trois séances courtes par semaine contre cinq séances plus longues par semaine), bien toléré et plus efficace pour améliorer la condition tant physique que cognitive des patients atteints de sclérose en plaques. Comme l’étude a été réalisée dans un environnement de réadaptation traditionnel, elle peut être facilement adaptée ou intégrée en routine clinique.
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Vol 17 - N° 192
P. 27 - décembre 2017 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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