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Modification de la répartition des cellules lymphoïdes innées auxiliaires circulantes au cours de la maladie associée aux IgG4 - 23/11/17

Doi : 10.1016/j.revmed.2017.10.317 
M. Ebbo 1, C. Piperoglou 2, N. Banzet 3, A. Grados 4, C. Farnarier 3, M. Groh 5, B. Terrier 5, J. Harlé 6, N. Costedoat-Chalumeau 5, E. Vivier 7, F. Vely 3, N. Schleinitz 1,
1 Médecine interne, hôpital de la Timone, Aix-Marseille université, AP–HM, Marseille, France 
2 Laboratoire d’immunologie, centre d’immunologie Marseille-Luminy, AP–HM, Marseille, France 
3 Laboratoire d’immunologie Timone, Marseille immunopole, AP–HM, Marseille, France 
4 Médecine interne, hôpital de Niort, Niort, France 
5 Medecine interne, hôpital Cochin, Paris, France 
6 Service de médecine interne, CHU de la Timone, AP–HM, Aix-Marseille université, Marseille, France 
7 Service d’immunologie, Marseille immunopole, centre d’immunologie Marseille-Luminy, AP–HM, Aix-Marseille université, Marseille, France 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

La maladie associée aux IgG4 (IgG4-RD) est une pathologie fibro-inflammatoire polyclonale. Sa physiopathologie reste mal connue. Une production excessive de cytokines de type Th2 a été rapportée dans le sang périphérique et les tissus de ces patients, dans lesquels des follicules lymphoïdes tertiaires sont fréquemment retrouvés. Les cellules lymphoïdes innées (ILCs) helper sont des populations lymphoïdes d’identification récente, caractérisées par l’absence d’expression de récepteur spécifique de l’antigène. Les ILC1s, ILC2s, et ILC3s, partagent avec les lymphocytes T CD4 helper (Th1, Th2 et Th17) l’expression de facteurs de transcription et la production de cytokines correspondantes. Nous avons étudié les sous-populations d’ILCs dans le sang circulant de patients atteints d’IgG4-RD.

Patients et méthodes

Les patients atteints d’IgG4-RD inclus dans cette étude étaient définis selon les critères diagnostiques internationaux dits « CDC » [1]. L’analyse etait réalisée avant tout traitement. Les cellules mononucléées du sang circulant (PBMC) étaient isolées après prélèvement sanguin, et un immunomarquage permettait de caractériser les ILC1s : Lin-CD127+CD117CRTH2−, les ILC2s : Lin-CD127+CRTH2+ et les ILC3s : Lin-CD127+CD117+CRTH2− en cytométrie de flux (Fortessa X20, Becton Dickinson). Les données étaient analysées avec le logiciel FlowJo.

Résultats

Les résultats obtenus chez 15 patients avec IgG4-RD active et non traitée sont rapportés. Les résultats obtenus ont été comparés à un groupe contrôle de 30 sujets sains adultes. L’âge moyen était de 66±14 ans chez les patients atteints d’IgG4-RD, avec une prédominence masculine (sex-ratio 4 :1). Les IgG4 sériques étaient >1,35g/L chez 93 % des patients, le taux médian d’IgE de 257±785 kUI/L et le taux médian d’éosinophiles de 400±371/mm3. Les atteintes d’organes étaient variables : ganglionnaires (n=11), pancréatiques (n=6), salivaires (n=5), biliaires (n=4), pulmonaires (n=3), rétropéritonéales (n=3), aortiques (n=2), rénale, cutanée, lacrymale, testiculaire et mésentérique (n=1, respectivement). Le nombre médian d’ILCs helper circulantes était de 1,1±1,3×103/mL chez les patients atteints d’IgG4-RD, et de 1,4±1,6×103/mL chez les patients contrôles (p=0,08). Ces cellules représentaient 0,06±0,04 % des lymphocytes CD45+ circulants chez les patients atteints d’IgG4-RD, et 0,07±0,05 % chez les sujets contrôles (p=0,26). Les patients atteints d’IgG4-RD présentaient une diminution des proportions d’ILC2s et d’ILC3s (p=0,04 et p=0,003 respectivement), associée à une augmentation de la proportion d’ILC1s (p=0,0007). On notait une diminution significative du nombre d’ILC2s, (p=0,01) et d’ILC3s, (p=0,02) chez ces patients. Chez 8 patients atteints d’IgG4-RD, l’analyse des ILCs helper circulantes a pu être réalisée avant et après traitement. Il n’était pas noté de différence significative entre les proportions et le nombre d’ILC1s, d’ILC2s et d’ILC3s avant et après traitement avec une grande variabilité inter-individuelle.

Discussion

Au cours de plusieurs pathologies inflammatoires, l’augmentation dans le sang périphérique du nombre d’ILCs auxiliaires potentiellement pathogènes a été corrélée à l’augmentation du nombre de ces cellules au niveau tissulaire (bronchopneumopathie chronique obstructive pour les ILC1s, asthme, sclérodermie systémique et rhino-sinusite chronique pour les ILC2s ; psoriasis et sclérose en plaque pour les ILC3s). L’absence d’elevation des ILC2s, productrices de cytokines Th2, pourrait dans le cas de l’IgG4-RD evoquer un recrutement de ces cellules au niveau tissulaire. L’augmentation relative de la proportion d’ILC1s, pourrait également évoquer une « trans-différenciation » des ILC2s et des ILC3s en ILCs de phénotype « inflammatoire » proche des ILC1s, comme cela a été rapporté au cours de la maladie de Crohn ou de la BPCO. L’augmentation de la proportion d’ILC1s observée chez les patients atteints d’IgG4-RD pourrait, par ailleurs, en partie contribuer à l’augmentation de production d’IFNγ rapportée.

Conclusion

Une expansion des ILC1s circulantes et une diminution du nombre d’ILC2s et d’ILC3s est observée dans le sang périphérique des patients atteints d’IgG4-RD. Des analyses fonctionnelles et tissulaires de ces cellules permettront de mieux préciser leur rôle dans la physiopathologie de la maladie associée aux IgG4.

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Vol 38 - N° S2

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