Le projet Objectifs Peau a pour objectif de décrire la prévalence, l’impact personnel, familial psychosocial, médicoéconomique, le parcours de soin et le retentissement autant familial, professionnel que sur la qualité de vie (QDV) des principales dermatoses dans la population française. Nous rapportons les principales données concernant la dermatite atopique (DA).

Un échantillon de 20 012 sujets représentatifs de la population française>15 ans (adultes), a été spécifiquement créé selon la méthode habituelle des quotas (sexe, âge, localisation géographique et catégorie socioprofessionnelle) pour répondre à un questionnaire sur internet abordant ces différents items. La programmation statistique a été réalisée à l’aide du logiciel SAS. L’analyse statistique des données s’est faite, le test de Chi² pour les variables qualitatives.

Parmi les 6115 sujets (30,6 %) déclarant au moins une maladie de peau au cours des 12 derniers mois la prévalence de la DA dans la population française adulte était de 4,65 % (4,36 % ; 4,94 %). Les patients déclarant une DA étaient significativement plus jeunes que la population sans dermatose (âge moyen 41,25 ans (±14,76) vs 45,82 (±16,58) ; p<0,001) avec une prédominance de femmes (65,2 %, p<0,001). Ainsi, par extrapolation à l’ensemble de la population, 2 486 777 Français déclarent souffrir de DA. Cette étude montre aussi parmi les 1 700 955 des sujets avec une DA qui déclarent avoir également avec une autre maladie de peau, 67,5 % d’entre eux considèrent leur DA comme la maladie de peau plus gênante. Neuf sujets sur 10 (90,3 %) déclarent que le diagnostic de DA a été posé par un médecin et dès la première consultation dans 8 cas sur 10 (82,1 %). 71,7 % des sujets avec une DA disent être suivis par un médecin pour leur DA dont 45,1 % déclarant être suivis par un dermatologue. Près d’un patient sur deux déclarent que leur DA est « très ou assez gênante » respectivement dans leur vie personnelle et professionnelle (50,3 % et 45,3 %, respectivement). Le score EQ-5D confirme une altération de QDV vs celle de la population sans dermatose (69,90 (±21,29) vs 76,84 (±18,10), p<0,001).

Ce travail apporte des données épidémiologiques en vraie vie sur la DA dans la population française. Il montre une prédominance de la dermatose chez les femmes adultes, et chez des sujets jeunes. Il confirme un impact net sur la vie sociale et professionnelle et la QDV de la DA. Le suivi médical semble insuffisant à la lumière des avancées thérapeutiques actuelles.

La mise à disposition de ces données factuelles et objectives, issues d’échantillons d’effectifs significatifs, devrait permettre à la DA et aux principales maladies cutanées d’être mieux prises en compte dans la politique de santé publique.