L’acné sévère est une dermatose chronique du follicule pilo-sébacé. Elle est souvent associée au développement de cicatrices atrophiques ou hypertrophiques aux conséquences psychologiques sérieuses. Environ 20 % des patients traités par l’isotrétinoïne sont non répondeurs, et d’autres ne supportent pas les effets secondaires importants associés à ce traitement. Ainsi, il est nécessaire de trouver de nouvelles approches thérapeutiques pour traiter et prévenir l’acné sévère. Propionibacterium acnes (P. acnes) est un membre majeur de la flore cutanée commensale humaine, incluant six phylotypes principaux : IA1, IA2, IB, IC, II et III. L’implication plus spécifique de certains phylotypes de P. acnes est évoquée dans certaines dermatoses comme l’hypomélanose maculeuse progressive (phylotype III) et commence à être discutée pour l’acné, où le phylotype IA1 serait plus fréquent. Le but de notre travail est de vérifier si l’acné sévère du dos caractérisée par la présence de nodules inflammatoires est associée à la perte de la diversité des phylotypes de P. acnes.

Des patients atteints d’acné sévère du dos (plus de 2 nodules) (n=24) et des volontaires sains (n=12) ont été inclus dans l’étude. Le score GEA a été déterminé pour le visage. La flore cutanée a été échantillonnée dans les deux groupes (acné/sain) sur le dos et le visage. Après culture, 68 souches de P. acnes ont été isolées et le phylotype déterminé, ainsi que les sous-groupes (complexes clonaux et SLST-types).

Chez 71,4 % des patients du groupe acné, le même phylotype était isolé sur le dos et le visage versus 45,5 % des volontaires sains. Dans le groupe sujet sain, on a trouvé un équilibre entre phylotypes IA1 (39,1 %) et II (43,4 %), comparé à une forte prédominance du phylotype IA1 dans le groupe acné avec 72,7 % sur le visage et 95,6 % sur le dos. De plus, nous démontrons l’association significative du type SLST A1 avec l’acné sévère du dos (54,2 % des souches, p=0,002).

Cette étude démontre pour la première fois que la sévérité de l’acné est associée à une perte de diversité de phylotype de P. acnes et une quasi-exclusivité du phylotype IA1. Cette modification de l’équilibre du microbiote cutané au sein de la souche P. acnes est un facteur inducteur de l’activation de P. acnes et donc de l’inflammation.

Ces résultats ouvrent vers l’intérêt du développement de 2 approches thérapeutiques. La première vise à permettre de restaurer la diversité des phylotypes de P. acnes qui existe en peau normale par des traitements locaux à base de peptides antimicrobiens ou de probiotiques. La deuxième consiste à développer un vaccin pour les formes sévères facilité par l’extrême prédominance du phylotype IA1.