Hypersensibilité immédiate allergique aux hydrolysats de protéines de blé : une origine professionnelle est possible - 25/11/17
Résumé |
Introduction |
Des réactions anaphylactiques après exposition aux hydrolysats de protéines de blé (HPB) ont été rapportées chez des utilisateurs de produits cosmétiques personnels. Nous rapportons ici le premier cas d’hypersensibilité immédiate allergique confirmée d’origine professionnelle.
Observation |
Un technicien de 34 ans, présentait une rhinoconjonctivite et une toux sur son lieu de travail (entreprise de fabrication cosmétique). Il avait commencé quelques minutes plus tôt le nettoyage, sans protection personnelle, d’une machine contenant une crème anti-ride (Supreme-DHE®, Erikson). Les symptômes régressaient en 30minutes après arrêt de l’exposition. Un an plus tard, dans le même contexte, une réaction similaire récidivait avec urticaire généralisée, conjonctivite et dyspnée, de régression rapide sous corticoïdes oraux. Aucune réaction alimentaire au blé n’était rapportée.
La crème incriminée, contenant 10 % d’HPB, ainsi que ses ingrédients, étaient testés (Annexe A). L’ensemble des open tests et le prick-test au gluten étaient négatifs. Les prick-tests étaient positifs pour la crème pure, les HPB et l’isolat de blé (ALK). Un dosage par Elisa des IgE, réalisé à l’Inra, trouvait une positivité pour les IgE anti-HPB du cosmétique (85ng/mL), anti-gluten désamidé (49ng/mL), anti-Ω 1–2 gliadine (39ng/mL) et anti-gluténines (34ng/mL). Le diagnostic d’hypersensibilité immédiate allergique aux HPB d’origine professionnelle était donc confirmé.
Discussion |
Le premier cas d’hypersensibilité immédiate aux HPB contenus dans des cosmétiques a été décrit en 2000. On recense actuellement plus de 1600 cas au Japon et 25 cas en Europe, s’exprimant principalement par une urticaire de contact après usage personnel de cosmétiques. La protéolyse des protéines du gluten conduit à une désamidation générant des néo-épitopes potentiellement sensibilisants par voie cutanée. Le type d’HPB impliqué n’est pas clairement défini mais les γ et Ω-2 gliadines désamidés sembleraient être les allergènes principaux en France et au Japon. Le risque majeur est la survenue d’anaphylaxie alimentaire aux HPB, et d’anaphylaxie d’effort au blé, rapporté chez des patients préalablement sensibilisés par voie cutanée. Le profil biologique de ces patients se distingue de l’anaphylaxie d’effort au blé classique par une prédominance d’IgE spécifiques contre les γ, Ω-2 gliadines et gluténines et non l’Ω-5 gliadine. L’utilisation d’HPB de poids moléculaire supérieur à 3,5kDa pourrait limiter ces réactions.
Conclusion |
Cette observation d’allergie immédiate professionnelle aux HPB reflète une utilisation accrue de ces molécules dans les cosmétiques, malgré une concentration maximale autorisée de 1,7 % depuis 2014. La déclaration systématique des nouveaux cas à la cosmétovigilance reste cruciale pour une meilleure traçabilité de ces anaphylaxies cutanées, s’exprimant aussi après exposition alimentaire.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Anaphylaxie, Hydrolysat de protéines de blé, Maladie professionnelle
Plan
☆ | Les illustrations et tableaux liés aux abstracts sont disponibles à l’adresse suivante : http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2017.09.189. |
Vol 144 - N° 12S
P. S140 - décembre 2017 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.
Déjà abonné à cette revue ?