Le prurit, défini par une sensation déplaisante induisant une envie de se gratter, est constitutif de la définition de la dermatite atopique (DA). Il représente une cause de souffrance importante et l’Association française de l’eczéma s’est investie dans cette étude afin de mieux le caractériser.

Entre janvier 2015 et mars 2016, les patients atteints de DA ont pu répondre à un questionnaire disponible sur le site associationeczema.fr/. Ce questionnaire comprenait une échelle validée de sévérité de la DA (le PO-SCORAD), des questions pour caractériser le prurit ainsi que l’échelle validée 5D-Itch Scale.

Au total, 202 patients ont répondu aux questionnaires et 170 ont été inclus. L’âge moyen était de 30,6 ans (14–74). Le PO-SCORAD était de 50,8±17,9 et 75 % des patients présentaient une DA sévère définie par un score de PO-SCORAD supérieur à 40. Le score moyen de 5D-Itch Scale était de 13,2 (5–20). Le prurit était d’intensité élevée avec une moyenne de 4,9/10 mais atteignait 8,8/10 au pire moment de la journée. Il prédominait en soirée et la nuit avec une prédilection pour le visage (64 %), le cou (54 %), les plis des coudes (56 %), avant-bras et poignets (55 %). Le stress et la xérose étaient des facteurs aggravants à l’inverse de l’eau froide qui améliorait le prurit dans 52 % des cas. La sensation de douleur atténuait également le prurit (51 %). Quatre-vingt-treize pour cent des patients disaient se gratter souvent ou très souvent. Le fait de se gratter était très ou modérément agréable pour 71 % d’entre eux. Douleur, chaleur, sensation de brûlure et picotements étaient fréquemment associés au prurit (Annexe A).

Le prurit dans la DA est chronique, quotidien et intense. Une donnée importante est l’intensité extrême du prurit au pire moment de la journée et le différentiel avec l’intensité moyenne. Les pics d’intensité étant souvent nocturnes, ceci peut être un élément de compréhension de la sous-évaluation bien connue du prurit par les médecins. Ces pics d’intensité étant majeurs, ils sont probablement marquants pour les patients et devraient constituer un critère de première importance pour l’évaluation de la sévérité de la maladie et des effets des traitements. L’échelle 5D Itch-Scale, validée en 2010, est un outil d’évaluation multidimensionnelle reproductible pour évaluer le prurit. La force de notre étude est d’avoir utilisé un outil validé, permettant des comparaisons ultérieures. Le prurit de la DA s’accompagne de symptômes d’allure neuropathique comme les picotements ou les brûlures. Une autre donnée intéressante est l’effet apaisant de l’eau froide dont la physiopathologie n’est pas encore complètement élucidée. Les dernières études mettent en évidence un rôle des canaux « transient receptor potential » et pourrait aboutir sur des thérapeutiques futures.

Notre étude peaufine les caractéristiques du prurit de la DA et confirme sa sévérité. Ce prurit s’accompagne également de symptômes d’allure neuropathique.