Nous rapportons le cas d’un homme lao présentant un paraffinome pénien dans un contexte d’infection par le VIH.

Un patient lao infecté par le VIH était hospitalisé pour la prise en charge thérapeutique d’une tuberculose ganglionnaire. Les lymphocytes totaux étaient à 1200/mm³ (les lymphocytes CD4 étaient indisponibles). À l’examen clinique de la région génitale, on notait une infiltration circonférentielle asymptomatique du pénis. Il n’y avait pas d’ulcération génitale associée ni d’adénopathies inguinales. Le TPHA et le VDRL étaient négatifs. Le patient rapportait que, marin en Thaïlande, il avait effectué des injections intra-préputiales d’huile végétale. Ce procédé avait été entrepris avec les autres marins. Il s’agissait donc d’un paraffinome pénien chez un patient lao infecté par le VIH. La biopsie cutanée n’était pas réalisée (Annexe A).

La RDP Lao est un pays, en voie de développement, enclavé de l’Asie du Sud-Est. Le pays compte près de 7 millions d’habitants et a un Produit Intérieur Brut de 13,8 milliards de dollars. Il comptait, en 2003, 12 dermatologues (soit 1 dermatologue pour plus de 450 000 habitants, comparé à 1 dermatologue pour 20 000 habitants en France) travaillant principalement dans certaines capitales provinciales. La RDP Lao compte environ 80 groupes ethniques (répartis dans 3 groupes principaux : Lao Loum, Lao Teung et Lao Song). Les nodules péniens artificiels (APN) ont un précurseur (le Higo-zuiki) depuis le 18^e siècle au Japon ; le paraffinome pénien est une technique plus récente par injection de huile végétale ou minérale. Ce sont 2 chirurgiens français qui décrivirent en 1947, les injections de paraffine chez 6 patients qui avaient un trouble de l’érection. Cette pratique se rencontre en Asie et en Europe de l’Est. Une analyse socioculturelle menée en Bulgarie sur 25 patients montre certaines caractéristiques : moyenne d’âge de 28 ans, tous sont prisonniers ou mendiants et 92 % sont des gitans. Les paraffinomes sont effectués par des individus, ni médecins ou infirmiers, pour 2 raisons principales : augmentation de la taille du pénis et du plaisir de la partenaire. Cela réalise également un rituel initiatique chez certaines communautés masculines : prisonniers, marins, militaires et yakusa. Le paraffinome peut induire certaines complications : complications allergiques et infectieuses, douleur à l’érection, nécrose et ulcération, paraphimosis. Cette pratique réalisée en groupe peut aussi favoriser l’infection par le VIH, le VHB et le VHC.

Les paraffinomes péniens constituent un rituel initiatique dans certains groupes masculins. L’infection par le VIH ne semble pas être responsable de complications de ces derniers.