L’évolution de la pensée biomédicale, appliquée aujourd’hui en kinésithérapie, est issue de l’histoire de la médecine. De nombreux courants de pensées ont conduit de manière rationnelle à évaluer les systèmes de soin et les pratiques mises en œuvre pour soigner les patients. Cette volonté d’évaluer la qualité des soins est depuis longtemps appliquée dans la médecine occidentale suite à l’utilisation d’essais thérapeutiques. Paradoxalement, ce n’est que récemment que cette logique est apparue dans l’univers de la kinésithérapie. Ainsi, nous décomposerons l’évolution de la pensée médicale pour parvenir à comprendre comment et pourquoi les bio-statistiques ont été introduites en kinésithérapie. Souvent vues au travers du prisme des mathématiques, les praticiens ne parviennent pas à comprendre les enjeux qui se cachent derrière leur utilisation. Ainsi, en cherchant à évaluer l’efficacité d’un soin, les bio-statistiques déterminent l’aptitude de la kinésithérapie à pouvoir traiter un problème, indépendamment de son mécanisme. On se posera alors la question de l’intérêt et des perspectives de leur usage dans un contexte médico-social animé par la crise financière. La pensée biomédicale moderne connaît depuis peu une révolution : la médecine intégrative. Né aux États-Unis, suite à l’association de 35 universités dont Harvard, le soin intégratif prend désormais une dimension holistique. À travers l’utilisation de soins scientifiquement validés de médecine traditionnelle et complémentaire, cette nouvelle pensée vise à traiter à la fois les aspects biologiques et le vécu de la maladie. Dans ce nouveau contexte biomédical, nous tenterons de comprendre pourquoi la kinésithérapie est une médecine complémentaire et dans quelle mesure l’application des bio-statistiques va lui permettre de s’inscrire dans ce nouveau courant de pensée.