La Haute Autorité de santé (HAS) a édicté des recommandations pour la prise en charge des nouveau-nés dans les différents niveaux de soins des maternités en fonction de leur terme à la naissance. Cependant, la mise en pratique de ces recommandations est mal connue. À partir du PMSI, nous avons étudié l’hypothèse que les accouchements prématurés qui n’ont pas eu lieu dans une maternité d’un niveau de soins préconisé résultent d’un cumul de circonstances liées aux contextes médical et socio-résidentiel des parturientes concernées.

Nous avons utilisé les bases nationales du PMSI 2012, 2013 et 2014. Après identification des accouchements prématurés de 24 à 32 semaines d’aménorrhées, nous avons étudié ceux qui n’avaient pas eu lieu dans une maternité de niveau 3. Nous avons construit un score de précarité et d’urbanisation à partir des données socio-économiques et des zones urbaines de l’Insee. Une classification ascendante hiérarchique a été effectuée pour analyser les caractéristiques des parturientes.

Sur l’ensemble de la période étudiée, 3109 accouchements prématurés (14,94 %) n’ont pas eu lieu dans une maternité de niveau adapté. La classification des parturientes en trois classes permet de distinguer les femmes enceintes vivant dans les périphéries des grands pôles urbains, contexte socio-résidentiel en moyenne plus favorisé que celui des femmes vivant dans les pôles urbains, qui sont plus précaires mais plus proches de la maternité de niveau 3 la moins éloignée. Les mères des territoires ruraux cumulent un fort éloignement de la maternité la plus proche et un contexte résidentiel défavorisé.

Cette étude permet de mieux connaître la mise en pratique des recommandations de la HAS à l’échelle nationale. Elle illustre également le poids du contexte de résidence dans les recours aux soins en périnatalité. Les résultats en termes d’éloignement de l’offre de soins interrogent ainsi sur l’accessibilité des structures les mieux équipées (maternités de niveau 3), surtout pour les territoires les plus défavorisés.