La violence éducative définit un mode éducatif alliant menaces, injures, sévices corporels et humiliations. Vingt pays européens ont aboli les châtiments corporels par des lois explicites, la France n’en fait pas partie. La place des médecins dans le dépistage et la prise en charge de la violence éducative en France est inconnue. Nous avions pour objectif l’étude des représentations de la violence éducative chez des médecins généralistes.

Une étude qualitative a été réalisée grâce à des entretiens semi-dirigés individuels avec des médecins généralistes exerçant en Île-de-France. Les entretiens ont été menés jusqu’à saturation des données. Après avoir été enregistrés, les entretiens ont été retranscrits et analysés par deux investigateurs.

Les entretiens ont été menés auprès de 20 médecins (novembre 2015–janvier 2016). Les médecins considéraient les violences physiques, verbales ou psychologiques comme à risque de conséquences négatives sur l’enfant. L’incertitude sur les conséquences de la violence introduit une tolérance face à la violence éducative, selon la nature de l’acte et le contexte, perçue chez la quasi-totalité des médecins. Les médecins généralistes se sentaient concernés par le sujet de la violence éducative. Ils évoquaient leur éducation et leur vécu personnel comme obstacles d’intervention majeurs. La plupart faisaient part d’un sentiment d’échec dans le dépistage ou la prise en charge de la violence éducative.

L’étude suggère que les médecins peuvent contribuer au soutien des parents dans la prévention des violences éducatives. Le rôle de soutien à la parentalité nécessiterait des formations médicales spécifiques, mais aussi un changement sociétal.

Violence for educational purpose refers to a modality of education that includes threats, verbal abuse, physical abuse and humiliations. Twenty European countries, not including France, have abolished corporal punishment through explicit laws and regulations. The position of general practitioners in the screening and care of violence for educational purpose in France is unknown. In this study, we aimed to assess the representations of this form of violence among general practitioners.

We have performed semi-directed interviews of general practitioners in the Paris, France region (Île-de-France). Interviews were conducted until data saturation was achieved. Interviews were recorded, transcribed and analysed by two investigators.

Interviews were conducted with 20 physicians (November 2015–January 2016). General practitioners considered that physical, verbal or psychological abuse had possible negative consequences on children. Uncertainty regarding the consequences of violence was a cause of tolerance towards violence for educational purpose, depending on the act committed and the context, as perceived by nearly all practitioners. General practitioners expressed interest in the field. They cited their own education and experience as the main obstacles to action. Most of them expressed a feeling of failure when they screened or took care of violence for educational purpose.

This study suggests that doctors can participate in supporting the parents in the prevention of violence for educational purpose. Support to parents would need specific medical training as well as a societal change.