La traumatologie du genou est un motif essentiel de consultation en médecine générale et aux urgences. L’intérêt de la radiographie repose principalement sur la recherche d’une fracture, d’une luxation non réduite ou de signes indirects en faveur de ces deux diagnostics. Des critères cliniques pour orienter la décision de prescription d’examens complémentaires existent : les critères d’Ottawa. Les objectifs de cette étude ont été, dans un premier temps, l’évaluation de l’utilisation des critères d’Ottawa dans la prise en charge des traumatismes aigus du genou auprès des praticiens militaires. L’objectif secondaire a été l’étude des facteurs influençant la non utilisation des critères d’Ottawa.

Notre étude était une enquête des pratiques professionnelles réalisée auprès des médecins militaires de la région Sud et des médecins des urgences de la plateforme Sud. Le recueil de données a été réalisé à partir de deux questionnaires adressés aux médecins interrogés par mail. Le premier étudiait les critères de prescription d’imagerie lors d’un traumatisme aigu du genou. L’objectif du second était d’évaluer la connaissance des critères d’Ottawa et leur application.

Au total, 57 % des médecins interrogés ont répondu au premier questionnaire et 73 % au second questionnaire. Notre travail montre que 12 % des médecins interrogés connaissent ces critères. Le nombre moyen de critères utilisés autres que ceux d’Ottawa est de 7. Aucun médecin n’utilise exclusivement ces critères. Le critère clinique le plus utilisé est un des critères d’Ottawa, l’impossibilité de faire 4 pas. L’imagerie prescrite en première intention par les médecins interrogés est la radiographie dans 94 % des cas, mais est dans 41 % des cas associée à une autre imagerie. Au total, 82 % des médecins trouvent ces critères applicables dans leur pratique quotidienne. Parmi les médecins, 61 % ne connaissant pas les critères seraient prêts à les utiliser.

La première étude évaluant la connaissance des critères d’Ottawa applicables au genou en France est l’étude de 2001 de Graham et al. qui compare la connaissance des critères d’Ottawa de la cheville et du genou dans 5 pays. Elle montre que 12 % des médecins interrogés en France connaissent les critères d’Ottawa applicables au genou, mais ils sont quand même utilisés sans être connus en tant que tels. Nos résultats sont donc comparables à ceux de la littérature. Les critères d’Ottawa sont des critères validés par l’étude de Stiell et al. en 1996 avec une sensibilité de 100 %. Se pose la question de la prescription dans certains cas d’imagerie radiologique et notamment en cas d’entorse grave (fracture de Segond). L’absence de connaissance de ces critères et l’aspect médicolégal semblent être les principales limites à leur application. L’augmentation de l’utilisation de ces critères aurait un impact en santé publique, diminuerait le coût et le temps de prise en charge sans en altérer la qualité. Une meilleure diffusion de ces critères pourrait en améliorer la connaissance et probablement la compliance.